La Chute d’un monstre (sacré) ?

« Gérard Depardieu, la chute de l’orge », le dernier numéro de l’émission « Complément d’enquête » diffusé le 7 décembre dernier sur France 2

Je ne suis pas très people et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, mon blog ne traite pas de l’actualité des stars du grand comme du petit écran. Je considère en effet que d’autres sites et média le font mieux que moi. Qui plus est, ce blog parle de ciné et en grande partie de films, une ligne éditoriale qu’il convient de maintenir si on ne veut pas se disperser. 

Toutefois, difficile de passer à côté de certains faits surtout lorsqu’ils cachent une certaine réalité, voire omerta et qu’ils concernent la grande famille du cinéma, notamment hexagonal. Hier soir, c’est avec un grand intérêt que j’ai regardé l’émission Complément d’Enquête qui consacrait son dernier numéro à Gérard Depardieu, non pas pour revenir sur son immense carrière ou ses plus grands succès mais plutôt évoquer sa part sombre, celle qui suscite consternation au mieux, horreur voire profond dégoût au pire.

Gérard Depardieu, lors de son déplacement en Corée du Nord dans le cadre des 70 ans du régime communiste en 2018

Notre Gégé national est mis en cause par plusieurs femmes de comportements et gestes déplacés à leur encontre, certains l’accusant même d’agressions sexuelles voire de viols. Des faits particulièrement graves qui n’en finissent plus de jeter le trouble sur les agissements d’un acteur plus cité pour ses frasques que pour ses derniers rôles. Des faits que l’intéressé nie totalement et pour lesquels il entend bien démontrer qu’il n’a rien à se reprocher. 

Rappelons-le tout de suite, nous sommes dans un État de droit, la présomption d’innocence existe et elle s’applique également pour Gérard Depardieu, qu’on l’aime ou que l’on déteste, d’autant que la justice n’est pas encore passée. Charge en effet à elle de déterminer si oui ou non, les faits qui sont reprochés à l’acteur sont fondés ou non. Il n’en demeure pas moins que cette nouvelle histoire ternit encore un peu plus la réputation déjà bien pâle de cet immense acteur et pour ne pas vous mentir, je ressens un malaise de plus en plus palpable. 

Ce sentiment je l’ai eu hier soir en regardant le reportage de France 2 mais aussi en lisant l’enquête que lui avait consacré Le Monde l’été dernier. Comportement grivois, blagues graveleuses, attitude plus que limite avec les femmes… il faut dire que ce tempérament était connu de longue date, à la différence qu’il y avait comme une sorte de tolérance, voire de « bienveillance » envers un homme dont le talent et le jeu d’acteur ne sont plus à démontrer. 

Gérard Depardieu interprétant Cyrano de Bergerac, un rôle-titre qui lui a valu le César du Meilleur Acteur en 1991

Un talent qui lui a permis, d’une certaine manière, d’être intouchable au point qu’il pouvait se permettre ses grivoiseries et autres blagues lourdes sans tellement être rappelé à l’ordre, bien aidé par son statut à part dans le cinéma français. Gérard Depardieu, c’est la France, c’est une icône qu’il convient de préserver qu’importe ce qui lui est reproché. C’est probablement cette logique qui a poussé certains à fermer les yeux sur ses agissements ou à les relativiser, considérant qu’il s’agissait d’une attitude bonne enfant, ni plus ni moins. 

Sans crier avec la meute, l’attitude de Gérard Depardieu doit cependant nous interpeller. Elle nous rappelle aussi qu’elle correspond à une époque où ce type de comportement pouvait encore avoir droit de cité et que celles qui osaient les dénoncer, même en privé, pouvaient tout simplement dire adieu à une carrière dans le cinéma. Le scandale Weinstein et la déferlante #MeToo ont des détonateurs plus que salutaires avec à la clé la promesse (pour le moment encore non tenue) d’un monde cinématographique plus respectueux et bienveillant envers les femmes. Gérard Depardieu est, à son tour, rattrapé et même si il bénéficie encore de nombreux soutiens, il devient de plus en plus compliqué de défendre l’indéfendable. 

Ce qui se traduit concrètement par la suspension ou l’annulation de certains projets, France Télévisions ayant même renoncé à travailler avec l’acteur à l’avenir. Cela pose également et une nouvelle fois encore la question de l’artiste vs. l’homme. Pour ma part, j’ai toujours été constant. Si je salue le jeu d’acteur et que je continuerai encore et toujours n’importe quel film dans lequel joue ou apparaît Depardieu, je ne peux, en revanche, que ressentir une profonde gêne, voir un profond dégoût pour un homme dont la déchéance est proportionnelle à son immense gloire désormais passée.

Un homme qui avait même incarné Dominique Strauss-Khan en 2012 dans Welcome to New-York. Dans ce film (une vaste blague au passage !), il incarnait l’ancien président du Fonds Monétaire International (FMI) poursuivi pour viol, pour lequel il exprimait son inimitié. Quelle ironie quand on y pense ! 

[BONUS] Puisque je vous parlais de Welcome to New York, autant vous montrer la bande annonce du film d’Abel Ferrara dans lequel joue également Jacqueline Bisset, qui incarne Anne Sinclair, l’épouse de DSK au moment des faits. Un film qui était directement sorti en SVÀD et pour lequel je devais avoir déboursé quelque chose comme 7 euros. 7 euros pour voir de la daube en barre et film graveleux dans lequel Depardieu fut comme un poisson dans l’eau. Comme quoi…

2 commentaires sur “La Chute d’un monstre (sacré) ?

  1. Totalement indéfendable pour moi ! Ce n’est pas parce que c’est le grand Depardieu qu’il faut tout lui permettre… provocations, blagues lourdes, depuis longtemps il est répugnant, là il est franchement … je n’ai même pas de mots… beurk, beurkkkkk… c’est inadmissible !

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