Gérald le conquérant : une croisade identitaire

Fabrice Éboué est un mec dingue. J’entends par là qu’il nous propose des projets toujours aussi décalés, sans dessous dessus mais qui, à y voir plus près, sont plus politiques qu’on ne le pense. 

Après le mordant et sanglant Barbaque, film dans lequel les végans étaient rhabillés pour l’hiver, direction la Normandie, à la rencontre de Gérald. Gérald, exploitant agricole et bovin de métier, est un enfant de la région. Autant dire qu’il défend sa terre et ses racines mordicus, notamment contre l’envahisseur parisien (et pas seulement) venu coloniser sa patrie. Face à ce qu’il considère comme un grand remplacement, Gérald a un projet : inaugurer un parc à thèmes en l’honneur de Guillaume le conquérant, cet héros normand qui a notamment dominé l’Angleterre. Tout au long de notre histoire, il est suivi par un journaliste avec qui il revient sur ses origines, son amour de la Normandie mais surtout sa détermination san faille pour que ce Puy du fou made in Normandy voit le jour. Gérald est motivé et rien ne le fera reculer. 

Comme je l’expliquais précédemment, un film de (et avec) Fabrice Éboué a toujours quelque chose de déjanté, surtout quand on voit les personnages. Gérald n’échappe bien évidemment pas à la règle, lui qui rêve de mettre sur pied, un projet qu’il considère comme celui qu’une vie. Peu importe qu’il soit moqué et pris avec condescendance par quasiment tout le monde. Même sa compagne, qui aimerait bien un enfant de lui, prend les choses avec un certain détachement. 

Il en faut cependant bien plus pour Gérald pour dévier de son objectif. Ce parc, c’est bien plus qu’un simple lieu de loisirs, il doit réaffirmer l’identité et la fierté normandes, mises à mal par les invasions successives et le squattage des Parisiens. La Normandie doit être pure, elle doit surtout rester normande, quoi qu’il arrive ! Si cela suppose de défendre son territoire, le terroir et les traditions, vous pouvez sur ce point, compter sur Gérald pour y parvenir. 

Aussi, notre héros se bat parfois (pour ne pas dire souvent) à la limite du ridicule, ce qui rend le film assez cocasse. On se demande jusqu’où Gérald est prêt pour défendre sa Normandie, ce qui donne lieu à ses situations cocasses mais également malaisantes. C’est justement parce que c’est ridicule et un peu WTF qu’on rit de bon cœur au délire d’un mec dont on se demande s’il ne finit pas par se perdre dans cette quête identitaire, un moyen pour lui d’exister une fois pour toutes. 

Humour grinçant et assez potache, Gérald le conquérant se regarde tel un documentaire façon Striptease, du nom de l’émission culte de la Radio-Télévision Belge francophone (RTBF) puis de France 3. La référence n’est pas anodine car le programme mettait souvent en avant des gens au profil assez spécial, on va dire mais avec une certaine bienveillance ! De la bienveillance, il y en a également pour Gérald pour qui, en dépit de son délire, on a plutôt de la compassion. 

Bref, retenez son nom car il va marquer l’Histoire… ou pas ! 

Gérald, le conquérant

Un film de : Fabrice Éboué

Avec : Fabrice Éboué, Jean-François Cayrey, Logan Lefèbvre, Alexandra Roth, Franck Dubosc, Vincent Solignac…

Pays : France

Genre : Comédie

Durée : 1h24

Sortie : le 3 décembre

Note : 14/20

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