Thomas Kruithof est un cinéaste que je continue à découvrir et dont le regard sur la société est plus que pertinent. En 2022, il avait sorti Les Promesses qui se concentre sur le combat d’une maire de banlieue pour sauver une copropriété dégradée alors qu’elle est pressentie pour rentrer au gouvernement. Un long-métrage efficace et qui me parle dans la mesure où je suis moi-même collaborateur d’élus.
Près de quatre ans après son précédent projet, Thomas Kruithof se penche à nouveau sur l’état de notre société en s’attaquant au phénomène des Gilets Jaunes à travers une famille. Nous sommes en Poitou-Charentes. Karine et Jimmy sont un couple heureux, parents de deux adolescents. Karine est ouvrière dans l’industrie alimentaire tandis que Jimmy est chef d’entreprise à la tête d’une entreprise de chauffeur routier. Le ménage vit plus que correctement même s’il faut rester vigilant. Alors que la hausse, fin 2018, des prix du carburant fait réagir nombre de Français, Karine s’intéresse de plus en plus aux mouvements de contestation qui prennent forme notamment près de chez elle. Peu à peu, elle rejoint les Gilets jaunes et en devient une membre active. Cependant, au fur et à mesure que son engagement grandit, elle en oublie son couple, au point que ce dernier se met progressivement à vaciller. Entre militantisme, volonté de bouger le choses et équilibre familial, Karine doit rapidement trouver une réponse.
Karine est une femme sans histoires qui est investie dans son travail mais également sa vie de famille. Avec Jimmy, et ses deux enfants, ils forment un foyer uni et harmonieux. L’émergence des Gilets jaunes lui donne un nouveau souffle. En effet, elle qui n’avait jamais manifesté ou pris part à la moindre contestation politique ou populaire s’embarque pour un mouvement qui lui parle tout simplement. Elle se sent à sa place dans ces assemblées qui veulent redéfinir les règles du jeu démocratique, et surtout entendre leur voix face à une classe politique et un président de la République bien sourds à leurs aspirations.
Aussi, elle s’investit au point que les Gilets jaunes sont devenus sa seule raison d’être, sa seule raison de se battre. Un positionnement que ne comprend pas Jimmy. Non pas qu’il soit insensible mais il est en réalité plus pragmatique, voire lucide. Jimmy est chef d’entreprise et même si la famille vit correctement, il doit toujours se battre pour conquérir de nouveaux marchés et surtout conserver les actuels. Une situation qui explique qu’il voit ce mouvement populaire et social de très loin, comme les aspirations légitimes de sa femme.
Une incompréhension qui risque de devenir un fossé entre Jimmy et Karine, dans la mesure où pour la première fois en vingt ans de vie commune, ils n’arrivent pas à voir dans la même direction. Karine peut-elle néanmoins renoncer à tout ce qu’elle croit et défend ? Peut-elle se sacrifier par amour ?
Porté par une remarquable Virginie Efira, Les Braises restitue avec justesse les tiraillements que l’on rencontre lorsqu’on s’investit à fond pour une cause qui risque cependant de tout emporter et vous avec. Malgré quelques longueurs (mais bon, ça reste un drame quoi !), le film se défend plus que bien.
Les braises
Un film de : Thomas Kruithof
Avec : Virginie Efira, Arieh Worthalter, Mama Prassinos, Justine Lacroix, Loup Pinard…
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h42
Sortie : le 5 novembre
Note : 13/20
Au ciné ce soir 