L’affaire Bettencourt a, lorsqu’elle a éclaté en 2007, avait passionné nombre de personnes. Il faut, en effet, dire que tous les ingrédients digne d’une série à rebondissements étaient bien présents. Une riche héritière à la tête d’une entreprise mondiale de cosmétiques, un photographe haut en couleurs qui devient très progressivement un ami proche de cette même héritière et la fille de celle-ci qui soupçonne fortement le photographe d’abuser de sa position pour soutirer un maximum d’argent de la part de Liliane Bettencourt, sans oublier (mais c’est un autre sujet), des responsables politiques qui en profitent pour obtenir des largesses.
C’est cette histoire qui sert de trame au nouveau film de Thierry Kilfa. Nous sommes à la fin des années 1980. Marianne Farrère est à la tête d’une immense fortune, fruit de la gestion de l’entreprise qu’elle a hérité de son père. Un jour, elle fait la rencontre de Pierre-Alain Fantin, un photographe à la réputation sulfureuse. Contre toute attente, une complicité nait entre les deux personnages. Très vite, Fantin entre dans le premier cercle de Marianne qui se montre très généreuse avec lui. Le tout sous l’œil de plus en plus méfiant puis hostile de Frédérique Spielman, la fille unique de Marianne. Face à ce qu’elle considère comme une menace, tous les coups vont être permis, même les plus discutables.
Comme indiqué précédemment, La femme la plus riche du monde s’inspire de l’affaire Bettencourt, au point d’en faire un magnifique copié-collé. Marianne est une femme de la haute qui dirige sa société d’une main de fer, sous l’œil de son époux, Guy, un ancien résistant et ministre, un proche de Mitterrand. Marianne est une femme qui n’a pas honte d’être riche et qui estime que cela est tout à fait normal. Une situation qui pourrait la faire passer pour quelqu’un de distante, froide, voire peu empathique notamment envers sa fille, Frédérique.
Aussi, lorsqu’elle rencontre Pierre-Alain Fantin, c’est comme une transformation. Cela est d’autant plus surprenant qu’ils ne se ressemblent en rien. Si Marianne est plutôt distinguée, notre photographe, ouvertement homosexuel, est volontiers insolent, arrogant, limite mal-élevé. Un sale gosse qui fait tâche dans ce milieu très fermé mais qui amuse notre chère héritière.
Une situation qui ne fait, toutefois, pas rire Frédérique qui soupçonne fortement Pierre-Alain de profiter de sa proximité soudaine avec sa mère pour l’escroquer au maximum. Très vite, et bien aidée par son majordome, elle tente à plusieurs reprises d’alerter Marianne et d’exprimer ses doutes les plus vifs. Cependant, derrière cette mise en garde, ne se cache pas le souhait d’une fille, celle d’une reconnaissance de la part de sa mère, une mère qui n’a jamais su vraiment comment aimer sa fille ?
Comédie mordante et insolente, portée efficacement par le duo Isabelle Huppert/Laurent Laffite, La femme la plus riche du monde dépeint un univers savoureument méchant où la perversité et le cynisme semblent être la norme. Le tout sous le regard d’une héritière dont on se demande, au final, si elle est bien plus lucide qu’on ne le pense. L’interprétation impeccable d’Isabelle Huppert nous laisse en tout cas interrogateur.
La femme la plus riche du monde
Un film de : Thierry Klifa
Avec : Isabelle Huppert, Marina Foïs, Laurent Lafitte, Raphael Personnaz, André Marcon, Mathieu Demy…
Pays : France
Genre : Comédie dramatique
Durée : 2h02
Sortie : le 29 octobre
Note : 14/20




