Les criminels de guerre ont pour trait commun que la plupart d’entre eux ne regrettent pas – ou à peine – les exactions qu’ils ont commis. Pour eux, au « mieux », ils ne faisaient que leur « boulot », au pire, ils faisaient cela par pure conviction, considérant qu’ils étaient dans leur « bon droit ». En tout cas, ils considèrent n’avoir rien à se reprocher.
C’est précisément que ce pense Josef Mengele. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la défaite sans appel des Nazis, celui qu’on surnommait « l’ange de la mort » parvient à fuir l’Allemagne pour se réfugier en Amérique latine. Il débarque tout d’abord en Argentine et vit à Buenos Aires dans la clandestinité. Tout au long de sa cavale, il fera tout pour échapper à la justice, avec le soutien de sa famille et de complices, tous plus ou moins nostalgiques d’un régime totalitaire.
Josef Mengele était, pour rappel, surnommé « l’ange de la mort », en raison de « l’activité » qu’il pratiquait à Auschwitz. Dans le tristement célèbre camp de concentration, il sélectionnait celles et ceux qui étaient aptes au travail, les autres étant exécutés et servant de cobayes pour le docteur Mengele, désireux de prouver la supériorité très supposée de la race aryenne sur les juifs notamment.
Autant dire que Mengele était tout particulièrement recherché dans l’optique d’être traduit en justice. Toutefois à la différence de certains, comme Adolf Eichmann, le médecin munichois arrivera à poursuivre sa vie sans se faire inquiéter le moins du monde, au nez et à la barbe des autorités. De l’Argentine au Brésil en passant par le Paraguay, Mengele, à travers plusieurs identités, mènera son existence, sans se faire sérieusement inquiéter.
Mais à quel prix ? Car si Mengele ne semble avoir aucun remords quant à son passé nazi – bien au contraire – le docteur paie assez cash cette vie clandestine. C’est un homme traqué, insupportable, désagréable, méprisant, raciste, violent mais surtout vieillissant (alors qu’il n’a que 65 ans) et diminué par un AVC que son fils retrouve au Brésil. Lorsque ce dernier l’interroge sur les crimes en question, il ne regrette rien, en clair, circulez il y a rien à voir. Un comportement édifiant qui montre que Mengele n’a aucune envie de se repentir, préférant se rappeler du temps où il était un officier nazi bien vu dans la hiérarchie et qui vivait dans un certain confort, ce que le contraste noir/blanc vs. couleurs de certaines scènes montre clairement.
Aussi, on ne peut qu’avoir dégoût et réprobation pour un tel homme. Cependant, on a aussi de la pitié pour ce salaud de la pire espèce et c’est peut-être ce que le film a voulu transmettre. Encore une fois, il est nul question d’avoir de la sympathie pour un antisémite notoire mais au bout du compte, on observe un homme qui, même s’il échappe à la justice, ne peut échapper à sa propre déchéance, cette déchéance qui doit l’emmener à la conclusion que nous connaissons tous.
Tiré du best-seller éponyme, La disparition de Josef Mengele est dur, saisissant et effarant. Un biopic sur un homme dont on se dit que d’une certaine manière, le karma s’est chargé de lui, contrairement à la justice des hommes.
La disparition de Josef Mengele (Das Verschwinden des Josef Mengele)
Un film de : Kirill Serebrennikov
Avec : August Diehl, Maximilian Meyer-Bretschneider, Friederike Becht, Dana Herfurth…
Pays : Russie
Genre : Biopic, Historique, Drame
Durée : 2h16
Sortie : le 22 octobre
Note : 16/20





