The Chronology of water : abysses, abîmes, rédemption

Kristen Stewart est une actrice qui reste une énigme pour moi. Disons que je suis son travail de façon intermittente dans la mesure où je n’ai pas tellement eu l’occasion de m’y pencher concrètement. Cependant, la sortie de son premier film en tant que réalisatrice me donne l’opportunité de me rattraper. 

Nous sommes aux Etats-Unis. Lidia, jeune nageuse prometteuse, vit dans une famille dysfonctionnelle et véritablement toxique, sous la coupe totale du père. Pour échapper à cet environnement, elle se concentre dans le sport, la compétition mais aussi dans la drogue et l’alcool. Les choses s’enveniment alors qu’elle parvient enfin à quitter sa famille et qu’elle intègre l’Université de l’Oregon. Malgré tout, Lidia retrouve peu à peu dans la littérature, où elle écrit, dans le cadre d’ateliers, des nouvelles particulièrement forts et intenses. La littérature qui lui offre une liberté, celle qu’elle n’avait eu jusqu’à présent. Une façon pour elle de retrouver une paix intérieure ainsi qu’un rédemption ? 

The Chronology of water est inspirée d’une histoire vraie, celle de Lidia Yuknavitch, une romancière américaine au style d’écriture assez tranchant pour ne pas dire choquant, du moins déroutant. Il faut dire que l’autrice a connu un parcours de vie hors norme avec son lot de déchirures et de blessures. Sous la coupe d’un père tyrannique, cassant, brutal et abusif (dans tous les sens du terme), Lidia et sa grande sœur subissent et encaissent, au point où on se demande si comment elles peuvent encore endurer une telle situation. C’est notamment le cas pour Lidia qui pour faire face « choisit » de s’abimer en buvant et en se droguant, comme si il fallait qu’elle se brûle pour rester en vie. Elle vit dans l’excès comme pour mieux repousser ses limites et trouver une échappatoire à une situation intenable. 

L’écriture est finalement cet espace qui lui offrira cette porte de sortie, de manière un peu inattendue. D’abord refuge, comme pour mieux mettre des mots sur qu’elle subit, la littérature et le fait de prendre son crayon et une feuille sera comme une sorte de thérapie, une façon à la fois de faire face à ses démons mais aussi de pousser davantage ses excès. Plus elle s’abîme, plus elle a besoin d’écrire et plus elle écrit, plus son récit livre quelque chose de fort, d’unique, de subversif. On dit souvent que c’est dans l’excès que les grands auteurs se révèlent, c’est peut-être le cas pour Lidia. 

Un film qui n’aurait pas eu la même intensité sans la prestation remarquable d’Imogen Poots, couplé à une prise de vue très dynamique de Kristen Stewart, ce qui donne au film, un côté particulier. Imogen Poots incarne avec force et excès (dans le bon sens du terme), cette Lidia abîmée, abusée et d’une certaine manière pulvérisée par la vie mais qui sait qu’elle doit passer par une forme d’autodestruction pour retrouver de la sérénité, ce que l’actrice britannique réussit à clairement transparaitre. 

The Chronology of water est donc un film percutant et convaincant de la part de Kristen Stewart qui réalise ainsi son premier long-métrage. Un cinéma différent mais qui, semble-t-il, a trouvé son public, preuve d’un intérêt certain. 

The Chronology of water

Un film de : Kristen Stewart

Avec : Imogen Poots, Thora Birch, James Belushi, Susannah Flood, Tom Sturridge, Kim Gordon…

Pays : États-Unis

Genre : Biopic, Drame

Durée : 2h08

Sortie : le 15 octobre

Note : 15/20

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