Depuis quelques jours, une étrange hype s’empare d’Internet et tout particulièrement des réseaux sociaux autour d’un film que peu de monde en a entendu parler.
Sacré Cœur est un docu-fiction sorti en salles cette semaine, soit le 1er octobre dernier. Il se concentre – grosso modo – sur les apparitions du Christ à Sainte Marie-Marguerite Alacoque, il y a 350 ans, dans la commune de Paray-le-Monial en pleine Bourgogne. Depuis, nombreuses sont les interprétations qu’on en fait de ce qu’on considère comme un message divin, censé établir la parole et la puissance de Jésus aux mortels.
Je grossis (un peu volontairement) le trait et pour cause, je n’ai pas vu le long-métrage et je n’ai pas l’intention de le voir. D’une part parce que je n’ai jamais été fan des documentaires au cinéma, considérant que ce genre n’a pas sa place dans une salle obscure. D’autre part, parce que je me méfie de ce genre de film qui cache, qu’on le veuille ou non, un agenda plus ou moins caché, nous y reviendrons plus tard.
Toujours est-il que Sacré Cœur n’en finit pas de faire parler, en particulier du côté de la droite conservatoire, pour ne pas dire extrême qui, via les canaux de « radio Bolloré » (c’est-à-dire Europe 1 et CNews), avaient même accusé la régie publicitaire de la Régie Autonome des Transports Parisiens (RATP) et de la Société Nationale des Chemins de fer Français (SNCF), de censure pour avoir refusé de faire la promotion du film. Une mise en cause difficilement démontrable mais qui suffit pour jeter l’opprobre et le soupçon, quand ils ne tombent pas carrément dans la fameuse théorie du complot.
Malgré cette censure d’apparence, Sacré Cœur semble fonctionner en salle, selon les partisans du film, tweets à l’appui. Le long-métrage aurait attiré près de 30 000 spectateurs après une semaine d’exploitation, au point qu’il y ait foule à l’entrée des cinémas comme en témoigne David Alaime, « journaliste » au sein du médium fasciste (oui ! oui ! j’assume !) Frontières. Là aussi, les données mises en avant sont difficilement dans la mesure où le long métrage a une exploitation limitée et qu’il est plus facile de remplir une salle de soixante sièges que de trois cents, comme il est plus facile de remplir cette même salle à La Celle Saint-Cloud, banlieue ouest et catho de Paris qu’à Créteil, ville populaire et cosmopolite du Val de Marne.
Sacré Cœur n’est que le dernier exemple en date de la mise en œuvre de l’agenda des (très) conservateurs qui ne cessent d’insister sur les racines chrétiennes et traditionnelles de notre pays. C’est d’ailleurs l’identité de SAJE Distribution, la société qui diffuse le long-métrage réalisé par Steven Gundell et qui s’était déjà faite connaître, il y a deux ans, lors de la sortie de Vaincre ou Mourir. Vaincre ou Mourir, un biopic, produit par le Puy du Fou, sur François Athanase Charette de la Contrie (plus communément appelé Charette), incarné par Hugo Becker (oui ! oui ! le « Cyril Balsan » qui pourfend le communautarisme dans la série Baron noir), sur fond de guerre de Vendée et d’accent contre-révolutionnaires, à la limite du révisionnisme historique.
Autant dire que si « succès » autour de Sacré Cœur il y a réellement (ce dont on peut raisonnablement en douter), c’est plus un succès artificiel qu’avéré. Non pas que personne n’est allé voir le film mais que ce dernier est davantage une œuvre de niche qui cible un public précis. Encore une fois, la conclusion aurait été différente, à mon sens, si le long-métrage avait connu une distribution plus large et qu’il avait effectivement rencontré ses spectateurs. Autrement dit, rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est que certains tentent, via la culture, d’avancer leurs pions et leur propre agenda !
[BONUS] Je vous parlais de Steven J. Gundell, le co-réalisateur de Sacré Coeur. Les plus de 30 ans s’en souviendront aisément mais dans une autre vie, il était membre du boys band, Alliage, ce groupe de garçons qui avait pour ambition de faire chavirer le coeur des jeunes filles en fleurs (bon, ils étaient recrutés et payés pour cela ^^). Aussi, je ne pouvais pas m’empêcher de diffuser une de leurs chansons les plus emblématiques :p
Au ciné ce soir 