Le cinéma regroupe ce qu’il existe de couples mythiques, ces personnes qui, en raison de leur glamour et de leur aura, ont toujours fasciné un bon nombre d’entre nous. Ces couples qui avaient leur part de strasses, de pailettes mais aussi de complexité, voire de zones d’ombres plus ou moins pesantes.
Yves Montand et Simone Signoret n’échappent pas à la règle. Nous sommes dans les années 1960. De passage à Los Angeles, le couple est au sommet de sa gloire. Signoret a reçu l’Oscar de la meilleure actrice et Montand perce à Hollywood où il tourne notamment avec Marylin Monroe. Signoret aime passionnément Montand. Montand aime passionnément Signoret, ce qui ne l’empêche pas de multiplier les relations extraconjugales. Une situation qui meurtrit Signoret mais plutôt que de se poser en victime, elle préfère jouer les femmes fortes, car elle est sure d’une chose : c’est que leur amour est éternel et que jamais ils ne se quitteront. Au fil des années, Montand et Signoret ne cesseront de rester soudés malgré les rancœurs et le poids du passé.
Dans un couple il y a toujours un déséquilibre entre les deux partenaires et c’est effectivement le cas pour le duo Montand/Signoret. Si le premier voit sa carrière artistique progressivement exploser, la seconde voit la sienne stagner depuis son sacre lors des Oscar. Les rôles (intéressants) se font rare et elle peine à exister. Qui plus est, elle ne peut faire grand-chose face au temps qui passe. Elle subit la vieillesse et cette situation est quelque pénible au quotidien. Pour cela, elle se réfugie dans le tabac et l’alcool.
En face, Yves Montand, comme on l’a récemment indiqué, reste au top de sa carrière. Il enchaîne les rôles au cinéma et demeure un homme charismatique. Un charisme auquel la gente féminine n’est pas insensible. Montand multiple les conquêtes, il ne s’en cache à peine, peu importe que sa femme doit subir et encaisser.
Dans cette situation, la logique voudrait que Signoret – même si elle montre parfois des signes de mécontentement – claque la porte et mette un terme à une relation qui lui fait plus de mal de bien. La remarque vaut également pour Montand. Cependant à cette logique, le comédien est catégorique : « on ne quitte pas Simone Signoret ! ». En clair, Signoret n’est pas une femme lambda. Elle est spéciale, elle est au-dessus des autres. Ils ont été de tous les combats. Marqués à gauche, ils ont été des compagnons de route du Parti communiste, avant de s’en éloigner. Au-delà, leur association demeure une évidence et ce n’est pas les conquêtes féminines de Montand qui reviendra remettre cela en doute. Au fond, c’est comme s’ils s’étaient fait un serment, un serment que seule la mort viendra remettre en cause.
Mélancolique, Moi qui t’aimais rend hommage à un couple complexe et paradoxal dans son fonctionnement et dans son intimité. Un duo incarné de façon convaincante par Roschdy Zem et Marina Foïs avec notamment cette scène d’ouverture où on voit les deux acteurs, en loge, en train de se faire maquiller avant de camper leurs personnages respectifs. Comme si incarner ces deux monstres du cinéma français était quelque chose de peu commun. C’est effectivement le cas !
Moi qui t’aimais
Un film de : Diane Kurys
Avec : Roschdy Zem, Marina Foïs, Thierry de Peretti, Vincent Colombe, Raphaëlle Rousseau, Cécile Brune, Sébastien Pouderoux, Leonor Oberson…
Pays : France
Genre : Biopic
Durée : 1h59
Sortie : le 1er octobre
Note : 15/20




