C’est un film discret qui est sorti cette semaine. Tellement discret qu’il n’est pas, par exemple, proposé à l’UGC Ciné Cité Les Halles, mon multiplexe de référence[1]. Cela est bien dommage quand on sait de quoi traite le long-métrage, un long-métrage assez fort qui met en avant un problème encore tabou, même si du chemin a été fait au fil des années.
Nous sommes à Barcelone. Maria est une écrivaine à succès qui vient d’avoir son premier enfant. Avec Nico, son compagnon, elle file le parfait amour et l’arrivée de ce petit être devrait la ravir de bonheur. Dans le même temps, elle apprend un horrible fait divers. Alice, une Française expatriée en Espagne depuis dix ans, est accusée d’infanticide après la découverte du corps sans vie de ses jumeaux. Maria se passionne pour ce double crime au point d’en faire le sujet d’étude de son prochain roman. Une façon aussi pour elle d’appréhender ses propres peurs. Cependant, de sombres pensées l’envahissent à son tour, au point d’envisager l’impensable.
Les infanticides ont toujours marqué, voire passionné notre société car ils posent en filigrane, la question suivante : comment une mère qui a (récemment) donné la vie, peut décider de la retirer subitement à un être sans défense ? Ce point, Maria se la pose également en tant qu’écrivaine mais aussi – et surtout – en tant que future mère. Elle devrait être heureuse d’avoir porté la vie et de donner naissance à un garçon. Ce changement majeur devrait en appeler d’autre dans son existence. En clair, tout devrait aller pour le mieux.
Seulement Maria ne peut s’y résoudre. Pire, elle subit cette maternité. En face, elle voit un bébé, son bébé qui est un poids plutôt que son bonheur. Elle pourrait (ou même devrait) compter sur le soutien de Nico, son compagnon, mais ce dernier est plus occupé par son boulot et ne fait pas tellement attention aux signaux envoyés par sa femme.
En effet, même de manière inconsciente, la jeune écrivaine envoie des signaux, des signaux de détresse ceux-là. Encore une fois, Maria subit sa maternité et sombre peu à peu. Elle cherche une porte de sortie, un échappatoire mais peine à trouver l’issue. Une situation d’autant plus pesante qu’elle ne cesse de faire une fixette sur Alice, l’objectif étant de comprendre mais surtout de savoir pourquoi.
Film assez dur, dérangeant parfois mais plus que pertinent, Salve Maria pointe toutefois avec force et justesse ce phénomène qu’est la dépression post-partum qui, quand elle n’est pas décelée voire traitée, plonge des jeunes mères dans l’abîme. Un film porté par Laura Weissmahr dont il s’agit du premier rôle et qui incarne cette Maria torturée et coupable (à tort), ne sachant plus vraiment quoi faire.
Salve Maria
Un film de : Mar Coll
Avec : Laura Weissmahr, Oriol Pla, Giannina Fruttero, Clara Garcés, Magali Heu, Belén Cruz…
Pays : Espagne
Genre : Drame
Durée : 1h51
Sortie : le 20 août
Note : 16/20
[1] Si vous voulez voir ce film et que vous êtes sur Paris, c’est aux mk2 Quai de Seine, Gambetta ou encore Beaubourg que cela se passe (entre autres) !



