Comme tous les ans, je profite du dernier vendredi de février pour regarder la traditionnelle cérémonie des César qui fête son demi-siècle d’existence.
Une édition 2025 pilotée par Jean-Pascal Zadi, maître de cérémonie pour la première fois. Une prestation assez drôle et convaincante même s’il aurait été bien de voir davantage le comédien, lauréat du César du meilleur espoir masculin en 2021, occuper l’espace. En lieu et place, une succession de duo pour remettre les différentes récompenses, ce qui avait son charme mais parfois (pour ne pas dire souvent, la plupart du temps) son moment plus ou moins ennuyeux voire gênant, je pense notamment à la prestation de Pio Marmai et de Raphael Quenard, venus remettre le César justement du meilleur espoir masculin.
A ce propos, l’Académie a adjugé ce prix à Abou Sangaré pour son interprétation dans L’histoire de Souleymane. Une sacrée distinction, amplement méritée, pour celui qui était encore sans-papiers il y a quelques mois, sous le coup d’Obligation de Quitter le Territoire français (la fameuse OQTF). Très honoré, l’acteur principal du film de Boris Lojkine n’en est pas moins humble dans son discours, ce qui donne une certaine fraîcheur non négligeable.
Une soirée assez fluide pour une fois, loin des discours et sketches plan-plan qui avait pour objectif de se concentrer sur l’essentiel, à savoir la célébration du cinéma français. Après les années #MeToo et la COVID, un peu de légèreté ne pouvait faire que du bien et redonner un sens à une cérémonie qui fête son demi-siècle d’existence. Une célébration assez discrète néanmoins dans la mesure où on aurait pu penser que des allusions ou des clins d’œil auraient été faits, histoire de marquer le coup.
Niveau palmarès, si on attendait Le Comte de Monte Cristo, L’Amour ouf ou encore Un p’tit truc en plus, c’est bien L’Histoire de Souleymane et Emilia Perez mais également Vingt Dieux qui ont tiré leur épingle du jeu. C’est notamment le cas pour le film de Jacques Audiard qui repart avec sept distinctions dont le César de la meilleure réalisation, celui du meilleur film ou encore celui du meilleur son. Visiblement, la polémique causée par Karla Sofia Gascon n’a pas eu d’incidence particulière sur le long-métrage, même si cela n’a suffi pour s’imposer par la suite aux Oscar, nous y reviendrons.
Une situation qui tranche nettement avec le film de Gilles Lellouche qui repart de la compétition quasiment sans rien. Alors qu’il faut nommé dans huit catégories – dont le César du meilleur film, celui de la meilleure réalisation ou encore celui de la meilleure actrice sans oublier celui du meilleur acteur – L’Amour ouf est au final récompensé pour le César du meilleur acteur dans un second rôle attribué à Alain Chabat. De son côté, Le Comte de Monte Cristo peut aussi faire la grimace qui, malgré son très large succès en salle, ne se voit décerner que trois récompenses dont le César des meilleurs décors. Enfin, que dire de Miséricorde ou encore de Monsieur Aznavour de Grand Corps Malade qui repartent avec rien, ni même avec le César du meilleur acteur pour lequel Tahar Rahim avait été nominé et qui a finalement été adjugé à Karim Leklou dans son rôle pour Le Roman de Jim.
Une édition 2025 qui a donc consacré Emilia Perez et qui, après coup, devrait donner du baume au cœur à Jacques Audiard et à son équipe. En effet, si les César ont été synonyme de bonne récolte, on ne peut pas dire pour autant des Oscar où le film n’a pas fait long-feu (tout comme The Substance d’ailleurs ou encore Un parfait inconnu), malgré deux statuettes dont celle de la meilleure actrice dans un second rôle pour Zoé Saldana. C’est Anora de Sean Baker qui est le grand gagnant de la soirée avec cinq récompenses dont celui du meilleur film et de meilleure actrice pour Mikey Madison.



