Il y a deux jours, le 21 janvier précisément, on apprenait le décès de Bertrand Blier, à l’âge de 85 ans. Cinéaste aux accents provocateurs, le fils de Bernard Blier s’était distingué pour certains de ses films dont Tenue de soirée que j’avais évoqué sur ce blog, et le très célèbre mais aussi controversé Les Valseuses, tiré de son roman éponyme.
A l’occasion de son décès, plusieurs personnalités se sont exprimés pour lui rendre hommage mais aussi le critiquer, plus ou moins indirectement. C’est le cas notamment de Sandrine Rousseau. Sur BlueSky, le réseau social en vogue, version « Twitter sans Elon Musk », la députée écologiste de Paris et féministe revendiquée était revenue sur le film qui avait fait connaître Miou-Miou, Patrick Dewaere et Gérard Depardieu en le qualifiant de long-métrage que je cite « une génération d’hommes a adoré regarder et reregarder ». Des propos qui ne sont pas tellement passés inaperçus, suffisamment en tout cas pour faire débat sur le « ciel bleu ».
Pour ma part, je ne fais pas partie de cette génération d’hommes qui a aimé regarder et reregarder Les Valseuses. Même si je suis loin d’être la père la pudeur, je dois dire que ce film m’a toujours mis à l’aise, notamment certaines scènes, ce qui fait que je ne l’ai vu qu’à deux reprises dans ma vie. En 2017, en plein scandale Weinstein, je faisais déjà référence au long-métrage de Blier et notamment d’une scène qui passerait encore moins aujourd’hui, celle où on voit une femme donnant le sein à son bébé dans un train et qui est victime de ce qu’on peut appeler ni plus ni moins d’une agression sexuelle de la part des deux principaux protagonistes.
C’est toutefois ne pas oublier une règle de base, règle que j’ai apprise durant… mes études d’histoire à la Sorbonne, autant dire une éternité (qui a dit que j’étais vieux ? ^^’). Avant de juger d’une œuvre ou d’un fait, tel qu’il soit, il faut toujours se référer à l’époque et donc au contexte. En déclarant que Les Valseuses était le film qu’une génération d’hommes a aimé regarder et reregarder, elle sous-entend que cette dernière glorifiait d’une certaine manière un droit à la domination masculine sous toutes ses formes. Une grille de lecture qui a sa pertinence mais qui pêche aussi par une certaine caricature.
En effet, il ne faut pas oublier que Les Valseuses, c’est un formidable bras d’honneur à la France pompidolienne (comprenez la France de Pompidou), cette France qui connaît (sans le savoir) les dernières heures des Trente Glorieuses mais dont une certaine jeunesse, notamment issue des quartiers populaires, s’ennuie. Cette jeunesse, elle est incarnée par Dewaere et Depardieu, deux loubards, sans foi ni loi mais avec une volonté de dire m**** au système. Pour eux, il n’y a pas de règles, ni d’interdits, un rien les désinhibe.
C’est toute la trame du film en particulier quand on en vient à leurs rapports aux femmes. Dans la scène précédemment décrite, une autre grille de lecture est possible comme je l’avais indiqué il y a quelques années, laissant penser que le réalisateur d’une certaine manière désapprouve le comportement de ses personnages en les présentant comme ils sont, à savoir des loubards et des gens peu fréquentables, du moins en apparence.
Aussi, voir dans Les Valseuses un film qui fait une ode aux agressions sexuelles… c’est absolument le cas si on regarde avec nos yeux en 2025, c’est plus complexe que cela si on regarde avec les yeux de Blier en 1974. Attention, il ne s’agit pas de minimiser le ressenti mais de se resituer dans le contexte pour mieux le comprendre notamment dans toute sa complexité.
Ce qui rend Blier encore plus provocateur, libre et subversif ! 😉


