Quand on parle du Brésil, on pense immanquablement aux plages ensoleillées de Copacabana, à Neymar, Pélé ou encore le regretté Ayrton Senna. On pense aussi samba, Rio de Janeiro et fête.
Cependant, on pense un peu moins à son histoire contemporaine, plus ou moins mouvementée, en particulier durant les années 1970 et 1980. Une histoire plus ou moins violente mais aussi douloureuse, notamment pour les familles qui ont connu et subi la dictature militaire.
Nous sommes en 1971. A Rio, Rubens Paiva, ancien député travailliste, est dans l’ancienne capitale du pays. Il y vit avec sa femme Eunice et ses cinq enfants. Malgré la situation politique, la famille tient à vivre normalement. Les choses changent lorsque Rubens est arrêté par la junte, tout comme sa femme et une de ses filles. Si ces dernières finissent par être relâchées, le père est porté disparu. S’engage pour Eunice un combat pour la vérité et la justice.
Si le Brésil est désormais une démocratie paisible et stable (quoique…), il n’en a pas toujours été ainsi notamment en raison de la dictature militaire qui a fait rage durant une quinzaine d’années et qui s’en prenait, notamment, aux intellectuels et militants de gauche. Rubens en fait précisément partie même s’il ne fait plus de politique. D’ailleurs, il vit paisiblement avec sa famille à Rio et s’occupe en bon père, des siens.
Sa disparition est une véritable onde de choc pour Eunice qui, par la même occasion, se retrouve confrontée à cette cruelle réalité, celle d’un régime autoritaire et réactionnaire à l’instar de ceux qui sévissaient dans le reste de l’Amérique latine à la même période. Elle-même subira les pressions et les intimidations des militaires, ce qui ne l’empêchera pas de se tenir debout et de rechercher la vérité sur la disparition de son mari et ce qu’il est devenu. Un combat qui ne se fera pas sans heurts, dans un Brésil qui aura du mal à affronter son passé mais qui reste essentiel, ne serait-ce pour elle-même et ses enfants.
Tiré du livre éponyme de Marcelo Rubens Paiva, Je suis toujours là a fait sensation au Brésil. Malgré son rythme lent (surtout en première partie), c’est l’occasion pour le spectateur de découvrir cette facette méconnue de l’histoire du pays, à la fois si lointaine et si proche. Un long-métrage qui rend hommage au combat et à la dignité d’Eunice Paiva qui, jusqu’au bout, s’est battue pour connaître la vérité et qui s’est éteinte en 2016, à l’âge de 89 ans.
Je suis toujours là (Ainda Estou Aqui)
Un film de : Walter Salles
Avec : Fernanda Torres, Fernanda Montenegro, Selton Mello, Antonio Saboia…
Pays : Brésil
Genre : Thriller, Drame
Durée : 2h18
Sortie : le 15 janvier
Note : 14/20
Au ciné ce soir 