Babygirl : « mon premier, c’est désir… »

Peut-on être une femme, exercer le pouvoir et exprimer ses envies les plus inavouables ?

A priori, la question ne devrait même pas faire débat dans nos sociétés actuelles. Cependant, qu’on le veuille ou non, on a encore et toujours l’image de la femme qui doit être une parfaite épouse, toute en retenue, même si elle occupe un poste à responsabilités. 

Romy Mathis en sait quelque chose. Fondatrice et PDG d’une grande entreprise, cette femme de caractère mène son affaire avec talent. C’est aussi une mère de deux filles et l’épouse d’un metteur en scène. A New-York, elle a une existence plutôt simple et heureuse qui devrait la satisfaire. Cet équlibre est remis en cause lorsqu’arrive Samuel. Samuel est une jeune recrue qui a rejoint la société de Romy en tant que stagiaire. Cette dernière tombe assez rapidement sous son charme et entretient une relation torride avec lui… au risque de tout perdre. 

La maman et la putain. Vaste sujet pour nombre de femmes en raison des injonctions contradictoires de notre société. C’est en tout cas le dilemme auquel est confronté Romy, cette femme de pouvoir qui a bâti son entreprise à force de détermination et qui se retrouve à la tête de millier de salariés. Une femme qui sait ce qu’elle veut sur le plan des affaires et qui suscite l’admiration de certaines, notamment d’Esme, sa plus proche collaboratrice. 

Romy est également une épouse aimante qui mène une vie de famille et conjugale somme toute classique. Trop classique même, ce qui provoque en elle une certaine frustration, notamment sur le plan intime. Romy se sent un peu trop sage, dans les clous et ressent comme une envie d’exploser, de sortir des sentiers battus. 

Aussi, lorsqu’elle fait la rencontre de Samuel, c’est pratiquement le vertige. Samuel est jeune, beau et d’une certaine manière sans filtre, ce qui ne fait qu’attirer la PDG qui n’hésite pas à suivre ses désirs au point que le rapport de forces s’inverse totalement. De femme de pouvoir, puissante et cassante, elle devient femme soumise. Ce choix est totalement assumé, elle qui veut enfin se révéler. 

Une attitude qui demeure à double-tranchant, néanmoins. Car au fond, Romy n’utilise pas-t-elle sa position dominante pour assouvir ses envies ? Une question qui est loin d’être anecdotique, le scandale n’étant pas loin et pouvant potentiellement lui porter préjudice. Face à ses contradictions mais aussi son passé qui cache un secret bien gardé, Romy devra choisir pour être réellement elle-même. 

Film sulfureux (du moins sur le papier), Babygirl aurait pu crever l’écran mais se montre, au final, en dessous ce qu’il était présenté. Non pas qu’il fallait aller dans le trash – sur ce point, le long-métrage reste gentillet – mais qu’au bout du compte, on tourne un peu en rond, pour in fine une conclusion peu surprenante. Un peu dommage pour une histoire qui voulait mettre en avant (et en valeur), le désir féminin.

Babygirl 

Un film de : Halina Reijn

Avec : Nicole Kidman, Harris Dickinson, Antonio Banderas, Sophie Wilde, Esther McGregor, Vaughn Reilly, Gaite Jansen…

Pays : Pays-Bas

Genre : Érotique, thriller 

Durée : 1h55

Sortie : le 15 janvier

Note : 11/20

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