Le dossier Maldoror : une constante obsession

En 1996, la très tristement célèbre affaire Dutroux avait secoué la Belgique (et pas que). Une affaire qui avait bouleversé nombre de concitoyens du plat pays qui, à juste titre, se sont interrogés sur les nombreux dysfonctionnements qui ont existé et mené à l’impensable. Une affaire qui trente ans après, interpelle toujours nos voisins, suffisamment pour s’en saisir sur grand écran, à l’instar de Fabrice du Welz qui s’en inspire fortement. 

Nous sommes en 1995, à Charleroi, au cœur de la Wallonie. Cécile et Elina, âgées respectivement de 7 et 9 ans, ont disparu. Cette nouvelle suscite une forte émotion au sein de la population qui s’interroge de plus en plus sur l’action des forces de l’ordre. C’est dans ce contexte que Paul Chartier, un jeune gendarme, rejoint l’opération « Maldoror ». Celle-ci vise à prendre en flagrant délit Marcel Dedieu, un multirécidiviste, soupçonné d’avoir enlevé et séquestré les deux jeunes filles. Paul, rigoureux mais un peu idéaliste, se fait un point d’honneur à retrouver les deux disparues vivantes. Au risque de déraper. 

Comme indiqué précédemment, l’affaire Dutroux a particulièrement marqué la Belgique comme le rappelle notamment les images d’archives en guise d’ouverture du film. Cette sordide histoire sert de fond à l’intrigue de Fabrice de Welz, pratiquement en mode copié-collé. Deux enfants qui disparaissent, l’inquiétude qui grandit et l’incompréhension de la population qui exige des résultats au plus vite. 

C’est dans cette atmosphère que Paul mène l’enquête. Plus que l’envie de servir, il s’est juré de ramener Cécile et Elina à leurs parents respectifs. C’est même une question d’honneur, pour lui mais aussi et surtout pour l’institution pour laquelle il travaille. 

Toutefois, c’est oublier dans quelle ambiance travaille la gendarmerie belge dans les années 1990, en pleine guerre avec la police communale et la police judiciaire. Une querelle de clochers qui portera préjudice à l’enquête dans la mesure où chacun veut démontrer qu’il peut parvenir à arrêter Dedieu et retrouver les séquestrées sans l’aide de l’autre. Une situation qui n’est pas sans conséquences mais surtout sans danger.

D’autant qu’au fur et mesure que l’enquête avance (ou plutôt piétine), Paul sera de plus en plus happé par celle-ci au point de négliger ses proches et notamment sa femme Jeanne dite Gina, référence à ses origines italiennes. L’affaire Dedieu se transforme en obsession et se distille, lentement mais surement tel un poison dans l’esprit du gendarme. Et si cette histoire d’enlèvement cachait quelque chose de bien plus sordide ? Une question ne cessera d’hanter Paul, au risque de se mettre lui-même en danger et de tout perdre. 

Porté par un Anthony Bajon bluffant et investi, Le dossier Maldoror est moins un film sur l’affaire Dutroux (du moins son inspiration) que les convictions d’un agent des forces de l’ordre idéaliste qui se transforment en dangereuses obsessions. Ce qui donne au film, une ambiance assez particulière malgré les 2h34 au compteur. 

Le dossier Maldoror 

Un film de : Fabrice du Welz

Avec : Anthony Bajon, Alba Gaia Bellugi, Alexis Manetti, Sergi Lopez, Laurent Lucas, Lubna Azabal, Jackie Berroyer, Mélanie Doutey…

Pays : Belgique

Genre : Thriller, Drame, Policier

Durée : 2h34

Sortie : le 15 janvier

Note : 16/20

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