La fille d’un grand amour : entre les conventions

Notre société est parfois (ou souvent, c’est selon) de règles non-écrites, de conventions plus ou moins pertinentes, plus ou moins contraignantes, cela dépend à quoi on a à faire. Ces conventions qui déterminent qui nous devons plutôt ce à quoi on s’inspire ou qu’on devrait être. C’est notamment le cas d’Ana et d’Yves. 

Nous sommes en 1991 à Paris. Cécile, étudiante en cinéma, réalise un travail d’études. Il s’agit d’un documentaire sur ses parents et leur rencontre. Ana et Yves se sont mariés dans les années 1950 puis ont divorcé. Le film de leur fille est l’occasion pour ces derniers de se retrouver. Toujours marqués par leur histoire passée, Ana et Yves cherchent un moyen de se reprendre le cours commun de leur existence. 

Ana et Yves se sont aimés et s’aiment encore d’une certaine façon, notamment à travers Cécile, leur fille, qui est le fruit de leur histoire. Une histoire somme toute banale qui a débuté de manière tout à fait banale. Le documentaire que réalise leur enfant est l’occasion d’un rapprochement mais aussi de raviver certains souvenirs, heureux comme douloureux. 

En effet, si Ana et Yves se sont aimés et vraiment aimés, cet amour était plus ou moins «cadré », conventionnel, conséquence d’un secret. Un secret que bien que la bande annonce ne le dévoile pas totalement, n’en demeure pas moins présent, c’est la trame même du film. Ce secret a tout particulièrement façonné Yves dont on se rend assez vite compte qu’il a davantage subi que mené sa vie. Lui qui voulait être écrivain a finalement fait carrière dans la banque, histoire d’assurer aux besoins de son foyer. Là aussi, ce sont les conventions qui ont parlé. 

A plusieurs reprises, Ana et Yves chercheront à s’en défaire, notamment en divorçant. Le documentaire réalisé par leur fille aura néanmoins pour conséquence de les mettre face à leurs contradictions. Car au final, s’ils décident de se remettre ensemble après tant d’années, est-ce davantage au nom du passé et d’un amour qui demeure sincère ou pour correspondre une fois de plus à ces satanées conventions ? La question prévaut notamment pour Yves dont on sent qu’il est véritablement tiraillé entre l’amour qu’il porte pour sa femme, celui qu’il porte pour sa fille et ce qu’il est vraiment et qui ne demande qu’à s’exprimer, enfin et sans honte. 

S’inspirant de l’histoire des parents de la réalisatrice, La fille d’un grand amour se veut mélancolique. Porté par Isabelle Carré et François Damiens, il fait écho au Temps d’aimer, un film sorti en novembre 2023 et qui est également dans la même trempe. 

La fille d’un grand amour

Un film de : Agnès De Sacy

Avec : Isabelle Carré, François Damiens, Claire Duburcq, Marc Bodnar, Cédric Appietto…

Pays : France

Genre : Comédie Dramatique, Romance

Durée : 1h34

Sortie : le 8 janvier

Note : 14/20

Laisser un commentaire