Pedro Almodovar aime les femmes. Il les aime sincèrement et c’est au cœur même de sa filmographie du sublime Talons Aiguilles en 1991 à Tout sur ma mère en 2005. Le cinéaste espagnol les met en valeur avec leurs forces mais aussi leurs faiblesses, ce qui donne un résultat le plus souvent remarquable.
Direction les Etats-Unis et plus précisément New York. Ingrid est une romancière à succès qui a écrit bon nombre d’ouvrages, notamment autobiographiques et autofictionnels. Lors d’une dédicace, une amie lui apprend que Martha, ancienne reporter de guerre, est atteinte d’un cancer de l’utérus. Martha et Ingrid furent très proche dans le passé avant de se perdre de vue. Cette annonce est l’occasion pour l’auteure de renouer les liens, ce qui est chose faite. Les deux femmes se fréquentent à nouveau. Un jour, Martha fait une demande toute particulière à son amie : l’accompagner vers sa fin de vie et rester avec elle jusqu’au moment où Martha aura décidé de partir. D’abord réticente, Ingrid finit par accepter.
Comme je l’écrivais précédemment, le cinéma d’Almodovar a ce truc assez spécial, très particulier qui le distingue et qui fait que j’aime les films espagnols et plus largement la culture espagnole. C’est encore le cas avec son nouveau film intégralement tourné en anglais – une première je crois pour le réalisateur – mais qui aurait pu se tourner dans la langue de Cervantès et se dérouler à Madrid comme à Barcelone ou encore en Amérique du Sud, tant l’histoire est universelle.
Ingrid et Martha, si elles se retrouvent après s’être perdues de vue, n’en demeurent pas différentes notamment lorsqu’il s’agit de la fin de vie, la mort pour être tout à fait clair. Si la première en a une peur limite maladive, la seconde est bien déterminée à rencontrer l’inéluctable, voire d’accélérer le mouvement en décidant de mettre elle-même un terme à son existence. D’autant qu’en tant que reporter de guerre, elle a toujours côtoyé la mort, c’est pratiquement devenue une vieille connaissance. C’est en toute logique qu’elle demande à Ingrid de l’accompagner vers cet ultime voyage, malgré les fortes réserves de cette dernière.
Toutefois n’est-ce pas un peu égoïste au final ? En effet, outre la demande en elle-même, c’est tout de même un fardeau qui pèse sur Ingrid. Non pas qu’elle doive supporter son amie mais que cette histoire est au final assez éprouvante, surtout quand on craint la mort. C’est tout un défi pour la romancière qui accepte la situation bon gré, malgré.
Malgré un rythme lent mais pertinent et nécessaire vu la thématique du film, La chambre d’à côté se veut bien plus politique en réalité qu’il n’y paraît et c’est tout le génie d’Almodovar. En effet, ce n’est pas pour rien que l’histoire se déroule aux Etats-Unis et plus précisément sur la côte Est. Un plaidoyer pour le droit de mourir dans la dignité face à la montée des extrêmes ?
La chambre d’à côté (La habitación de al lado)
Un film de : Pedro Almodovar
Avec : Tilda Swinton, Julianne Moore, John Turturro, Alessandro Nivola, Juan Diego Botto, Raul Arévalo, Victoria Luengo, Alex Hogh Andersen…
Pays : Espagne
Genre : Comédie, Comédie Dramatique, Drame
Durée : 1h47
Sortie : le 8 janvier
Note : 14/20
Au ciné ce soir 