Quiet life : le syndrome de la résignation

Demander l’asile est non seulement un parcours du combattant mais c’est également quelque chose de particulièrement éprouvant aussi bien psychologiquement que physiquement. Un véritable chemin de croix sinueux et stressant, tant il détermine la suite de votre existence. Une situation qui a un effet sur une catégorie de personnes à laquelle on pense assez peu au final, je veux parler des enfants. 

Nous sommes en mai 2018 à Göteborg, en Suède. Sergei et Natalia, originaires de Russie, accompagnée de leurs deux filles, demandent l’asile. Leur requête est cependant requête. La Suède estime en effet que les éléments prouvant qu’ils sont en danger s’ils retournent dans leur pays sont insuffisants. Ils ont dix jours pour faire appel et apporter de nouveaux éléments. Malgré cette possibilité, la famille accuse le coup notamment Katja et Alina, l’aînée. La plus jeune vit particulièrement mal la situation au point où elle s’effondre littéralement. Elle sombre dans le coma. Désemparée, la famille va tout faire, jusqu’à l’impensable et l’illégal, pour que Katja se réveille, au risque de voir leur avenir en Suède définitivement hypothéqué. 

Le syndrome de la résignation. Une maladie aussi surprenante, fulgurante et effrayante dont je n’ai appris l’existence qu’on découvrant le film. Elle touche essentiellement des enfants qui, impuissants face à la situation de stress que subissent leurs parents, se mettent d’une certaine manière en position « défense », du moins leurs fonctions cognitives. C’est comme s’ils mettaient leur corps en stand-by, histoire de se protéger. 

C’est exactement ce qui arrive à Katja qui ne comprend pas pourquoi la demande d’asile est rejetée. Une situation qui la pèse littéralement comme si c’est elle qui portait le fardeau. Face à cela et aux enjeux qui se dressent devant elle, mais aussi aux conséquences, son corps n’a pas d’autres choix que de lâcher et se « déconnecter » du jour au lendemain.

Face à cette épreuve, Sergei et Natalia semblent totalement perdus, ce qui peut se comprendre. Ils veulent à tout prix sauver leur fille mais ils se rendent assez vite compte que les autorités notamment médicales, ne leur rendent pas la tâche facile. Bien au contraire, ils sont même suspectés. Une accusation que le couple rejette ardemment quitte toutefois à perdre pied en sollicitant l’aînée par la suite. 

Inspiré de faits réels, Quiet life nous rappelle que bien souvent les enfants sont les premières victimes du stress des adultes, que cela soit involontaire ou non. Une situation anxiogène qui doit nous interpeller, le phénomène étant appelé à se reproduire en raison des vagues de migrations que nous connaissons et qui s’intensifient.

Quiet life

Un film de : Alexandros Avranas

Avec :  Chulpan Khamatova, Grigoriy Dobrygin, Naomi Lamp, Miroslava Pashutina…

Pays : Grèce

Genre : Drame

Durée : 1h39

Sortie : le 1er janvier

Note : 15/20

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