L’esclavage est un sujet sensible voire difficile. Un sujet qui reste délicat à aborder au cinéma sans que cela ne soulève des débats le plus souvent animés et controversés. Un sujet qui n’en demeure pas moins essentiel, au nom du devoir de mémoire et pour lequel, le cinéma apporte une contribution plus qu’appréciée.
Nous sommes en 1759, sur l’Isle de France, l’actuelle Maurice. Massamba est esclave sur la plantation d’Eugène Lancret, propriétaire d’un champ de canne à sucre. Si Massamba a quelques responsabilités, il vit comme les autres esclaves dans la peur et le travail permanent. Massamba a une fille, Mati. Il rêve que cette dernière soit affranchie, la seule façon pour lui de quitter l’enfer de la servitude et espérer un avenir. Pour cela, il lui apprend notamment le français et comment se comporter comme une bonne maitresse de maison. Un jour, Mati s’enfuit. Face à la menace qui pèse sur elle et désireux de la protéger, Massamba s’évade à son tour pour la retrouver. Il devient alors ce qu’on appelle un marron, une personne qui rompt définitivement avec le système esclavagiste.
Massamba est un esclave sans histoires dans le sens où il se contente d’exécuter les tâches qu’on lui assigne. On pourrait penser que c’est faible, un soumis mais c’est plus subtil que cela. C’est un esclave et il accepte sa situation comme tel car c’est dans l’ordre des choses. Un point que lui rappelle en permanence son maître et qu’il rappelle également à l’ensemble de ce qu’il considère comme sa marchandise. Gare à lui, au passage, si un esclave venait à désobéir ! En effet, il appliquera sans aucune hésitation le Code noir.
Aussi, lorsque sa fille s’enfuit de la plantation, Massamba n’a pas d’autres choix même s’il agit davantage pour la protéger, d’autant qu’une menace concrète se profile. Elle s’appelle Madame La Victoire, une redoutable chasseuse d’esclaves, particulièrement dure et sans pitié. Tout au long du film, nous assistons à une véritable chasse à l’homme à travers la forêt tropicale, une chasse à l’homme dans laquelle, Massamba devra faire preuve de résilience mais aussi de caractère.
Progressivement, Massamba passe d’un statut de soumis à quelqu’un qui rompt avec l’ordre qu’on lui impose, un ordre qui l’écrase, bien que cela ne soit pas évident à première vue. Partir à la recherche de sa fille, c’est déjà entrer en résistance et en rébellion contre ceux qui lui nient sa condition d’homme. C’est, d’une certaine manière, être libre et le revendiquer.
Malgré un rythme lent, Ni chaines, ni maîtres rend avec justesse et gravité hommage à ces esclaves, ces neg’marrons qui ont dit « non » et qui se sont rebellés, ouvrant la voie à l’émancipation des autres, des décennies plus tard.
Ni chaînes, ni maîtres
Un film de : Simon Moutaïrou
Avec : Ibrahima Mbaye Tchie, Camille Cottin, Anna Thiandoum, Benoit Magimel, Felix Lefebvre, Vassili Scheinder…
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h38
Sortie : le 18 septembre
Note : 15/20





2 commentaires sur “Ni chaînes, ni maîtres : neg’marrons”