Prendre l’avion est une chose qui peut être stressant en soi, surtout si vous voyagez loin. Entre l’enregistrement, vérifier qu’on n’a rien oublié, sans oublier le vol en lui-même et ses aléas… le voyage peut rapidement devenir une épreuve. Ce n’est, toutefois, rien comparé à ce qui va suivre.
Nous sommes en 2019. Diego, un vénézuélien de 38 ans, et Elena, une espagnole de 32 ans, quittent Barcelone pour s’installer aux Etats-Unis. Direction Miami et la Floride pour débuter une nouvelle vie, plus prospère qu’en Catalogne. Arrivés à l’aéroport de Newark à New-York, ils sont contrôlés à la douane. Un agent leur demande alors de les suivre pour des contrôles approfondis. Ils sont alors interrogés sur le véritable but de leur séjour en Amérique. D’abord anodines, les questions deviennent de plus en plus précises et insistantes plongeant le couple dans un engrenage et dans un piège qui semble se refermer inexorablement.
1h17. C’est un le temps que dure ce film. A première vue, assez court pour rentrer dans l’histoire et dérouler l’intrigue mais en réalité une durée subtilement bien trouvée dans laquelle l’interrogatoire (ou plutôt les interrogatoires) en question occupe une large partie, pour ne pas dire, l’essentiel du long-métrage. Pensant avoir fait le plus dur, Elena et Diego se retrouvent subitement dans cet espèce de no man’s land, situé dans les sous-sol de l’aéroport. Dans ce lieu clairement inhospitalier, ils attendent, parmi d’autres passagers, de savoir s’ils peuvent ou non entrer aux Etats-Unis. Il faut rappeler que nous sommes en 2019, la présidence Trump bat son plein et celui qui fait office de président continue dans ses diatribes anti-immigrés avec notamment son fameux et fallacieux « mur ». Diego sait qu’il est particulièrement attendu au tournant du fait de sa citoyenneté vénézuélienne. En tant que latino-américain, il sait qu’il est particulièrement ciblé.
Ce qui explique une certaine crispation, voire nervosité, bien que Diego comme sa compagne d’ailleurs, n’aient rien à se reprocher. Les agents aux frontières ont pourtant une interprétation bien différente de la situation, en particulier l’agent Vasquez particulièrement tenace dans son attitude. Ses questions se font plus précises, plus insistantes et, histoire de mieux déstabiliser notre couple, elle se met à répondre subitement en espagnol, Elena pensant qu’elle ne maitrisait pas la langue.
Une situation qui place littéralement le couple sur le grill et dans laquelle le spectateur commence à douter. Diego et Elena n’ont-ils vraiment rien à se reprocher ? Ou bien perdent-ils pied face à des agents particulièrement invasifs au point de leur demander la fréquence de leurs rapports sexuels ? La limite entre vie privée et protection des frontières est alors plus que tenue et on se rend assez vite compte qu’Elena et Diego sont littéralement à la merci de deux personnes qui, en fonction de leur déclaration, décideront de leur avenir.
Une situation assez étrange, pour ne pas dire anxiogène que Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas retranscrivent avec justesse au point de nous réserver un final effarant et (un peu) brutal.
Border line (La llegada)
Un film de : Juan Sebastian Vasquez et Alejandro Rojas
Avec : Alberto Ammann, Bruna Cusí, Ben Temple, Laura Gomez…
Pays : Espagne
Genre : Thriller, Drame
Durée : 1h17
Sortie : le 1er mai
Note : 15/20




