Pas de vagues : là où règne l’omerta

On dit souvent que l’école est un sanctuaire, du moins on l’a longtemps considéré comme tel. Un fait qui est de moins en moins pertinent tant les problèmes s’accumulent, les mal-être aussi, au point que l’omerta règne en maître. En effet, à la moindre difficulté, il est plus que recommandé de faire profil bas, quitte à mettre les choses sous le tapis. 

Julien est malheureusement bien placé pour le savoir. Nous sommes dans un collège. Julien est professeur de lettres et enseigne le français à des élèves de 4ème. Un jour, il prend pour exemple, Leslie, une de ses élèves pour expliquer un élément de son cours. Sans le savoir et sans le vouloir surtout, le jeune homme entre dans un engrenage. L’adolescente accuse, en effet, son professeur d’harcèlement et de propos déplacés, ce que Julien nie en bloc. Malgré la pression et les menaces répétées du grand frère de Leslie, Julien est déterminé à défendre son honneur. Cependant, il est bien seul face à sa hiérarchie qui ne semble pas tellement disposée à lui fournir l’aide nécessaire, désireuse à cette histoire fasse le moins de dégâts possibles. Il en est de même pour les collègues de Julien qui affichent un soutien plus ou au moins mou, laissant ce dernier seul face à la tempête.

L’omerta, pas de vagues, silence (plus ou moins) absolu. C’est un véritable mur auquel fait face Julien, ce jeune prof de français plutôt idéaliste et volontaire. Pour lui, il est nécessaire, sinon primordial de créer une proximité avec les élèves dont la plupart connaît un environnement familial modeste et/ou difficile. Julien est quelqu’un qui ne voit pas tellement le mal et qui est bourré de bonnes intentions, son objectif étant de tirer ses élèves par le haut. 

Aussi, lorsqu’il est accusé d’harcèlement par Leslie, c’est comme si un immeuble entier lui était tombé sur la tête. Il ne comprend tout simplement pas d’autant qu’il n’a jamais eu de geste ou de propos inconvenants. La logique voudrait que sa hiérarchie le soutienne, du moins détermine le vrai du faux dans cette histoire. Cependant, la direction du collège se distingue par une lâcheté déconcertante, qui s’exprime par un soutien du bout des lèvres. Il en est de même pour ses collègues qui limitent le soupçonne, non pas d’avoir eu une attitude non-conventionnelle (quoique) mais lui reprochent sa solitude et sa discrétion. 

Julien, qui veut laver son honneur, est au contraire, sommé de s’expliquer sur ce qu’il est, au point d’être harcelé à son tour. Peu importe s’il est constamment menacé par le grand frère de Leslie, un jeune homme autoritaire et violent. Le jeune enseignant est bien seul et ne sait pas trop comment sortir de cette impasse. 

Porté par un François Civil remarquable, Pas de vagues illustre assez bien les malaises persistants au sein de l’Éducation nationale avec des professeurs livrés à eux-mêmes et littéralement broyés, faute d’un soutien franc et entier d’une hiérarchie qui préfère privilégier ses intérêts. Un triste constat aux conséquences redoutables

Pas de vagues

Un film de : Teddy Lussi-Modeste

Avec : François Civil, Shaïn Boumedine, Bakary Kebe, Marianne Ehouman, Mallory Wanecque, Agnès Hurstel… 

Pays : France

Genre : Drame

Durée : 1h31

Sortie : le 27 mars

Note : 15/20

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