Xavier Legrand est un cinéaste que j’avais découvert, il y a quatre ans dans Jusqu’à la garde, un thriller psychologique, particulièrement prenant et qui relate l’histoire d’une mère de famille qui tente d’échapper à la toxicité de son mari, particulièrement violent.
Cette relation toxique, Xavier Legrand continue de s’y intéresser en explorant de nouveaux sillons. C’est notamment le cas avec Le Successeur. Nous sommes à Paris. Elias Barnès est le nouveau directeur artistique d’une prestigieuse maison de haute-couture. C’est le designer que tout le monde s’arrache, d’autant qu’un brillant avenir l’attend dans le métier. Un jour, la Police débarque et l’informe du décès de Jean-Jacques, son père, mort d’une crise cardiaque. Elias a une relation assez particulière avec son papa dans la mesure où ils ne parlent pratiquement plus depuis de longues années. La nouvelle encaissée, Elias se rend au Canada pour régler la succession et organiser les obsèques. Ce qui était un moment difficile se transforme en cauchemar lorsqu’il fait, par la suite, une effarante et inattendue découverte.
Elias est un homme dont l’avenir semblait, auréolé d’un notoriété qui ne cesse de grandir, conséquence de son nouveau statut. Un formidable et plaisant équilibre brutalement remis en question par le décès de son père. Il faut dire que Jean-Jacques et lui ne se parlaient plus trop au point qu’Elias a même fini par changer de prénom. En réalité, Elias s’appelle Samuel, comme pour dire que sa vie et son enfance au Québec appartient au passé. Signe assez révélateur, à Paris, le jeune directeur artistique gomme son accent québécois, comme pour mieux souligner cette rupture.
Aussi, lorsqu’il revient, par la force des choses, dans la maison de son père, Elias sait qu’il va passer un moment pénible, moins en raison de la mort de son papa mais plus en raison du fait qu’il se sent comme étranger. La présence de Dominique, un ami proche de Jean-Jacques, pourrait l’aider à mieux traverser cette épreuve et surtout mieux cerner la personnalité d’un homme – considéré comme quelqu’un de bien sous tout rapport et particulièrement actif au sein de la communauté – qui était plus ou moins sorti de sa vie, rien n’y fait.
Aussi lorsqu’Elias tombe sur cette hallucinante découverte, il se trouve bien malgré lui héritier. Hériter de quelque chose pour laquelle il n’a rien demandé et pour laquelle il n’était tout simplement et logiquement pas prêt. Seul face à ce secret si bien gardé, Elias se trouve pris au piège par un père qui bien que mort le met devant le fait accompli, voire lui impose sa volonté. Reste à savoir si le jeune directeur artistique sera en capacité ou non à faire les bons choix, s’il veut sortir de cette spirale.
Long-métrage prenant, Le Successeur arrive à nous surprendre même si certains diront que cela est un peu tiré par les cheveux. Peut-être mais c’est ce qui donne au film sa puissance et son intérêt. Marc-André Grondin incarne un Elias à l’esprit torturé et qui comprend qu’il ne pourra pas échapper à une dernière confrontation avec son père, qu’il veuille ou non
Le Successeur
Un film de : Xavier Legrand
Avec : Marc-André Grondin, Yves Jacques, Anne-Elisabeth Bossé, Blandine Bury, Louis Champagne, Vincent Leclerc…
Pays : France
Genre : Drame
Durée : 1h52
Sortie : le 21 février
Note : 14/20




