Au fil des années, c’est devenu un rituel. Le dernier vendredi de février, je me pose pour regarder la grande soirée du cinéma français, celle qui fait honneur aux films, acteurs et producteurs qui ont marqué l’année écoulée.
Une cérémonie pilotée cette année par Valérie Lemercier, le tout avec une certaine sobriété, ce qui contraste assez nettement avec les éditions précédentes. Pour la première fois depuis que je regarde les César, j’apprécie une soirée qui était tout sauf plan-plan et qui, une fois n’est pas coutume, a (un peu) cassé les codes.
En effet, plutôt que de commencer avec la révélation féminine de l’année, l’Académie a préféré débuter avec le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Une distinction remise à Adèle Exarchopoulos pour sa prestation dans Je verrai toujours vos visages. Un prix logique et mérité pour la jeune femme de 30 ans qui a tout simplement été marquante dans ce film. L’actrice, révélée en 2013 avec La Vie d’Adèle, a bien évidemment exprimé sa joie, notamment à travers un cliché pris sur le vif et que j’ai tout simplement adoré, tant il transpire une certaine spontanéité.
Une soirée moins lourde et soporifique donc qui a entre autres mis à l’honneur Christopher Nolan, le réalisateur britannique s’étant vu remettre un César pour l’ensemble de sa carrière tout comme Agnès Jaoui. Un Christopher Nolan qui n’a même pas été vexé de voir le César du meilleur film étranger lui échapper, le long-métrage de Mona Chokri, Simple comme Sylvain ayant été préféré à Oppenheimer. Une sacrée surprise de l’aveu même de l’intéressée qui ne s’attendait pas à cette récompense, surtout face à un virtuose comme Nolan ! 😉
Une soirée qui, comme toute cérémonie des César qui se respecte, n’a pas manqué de délivrer des messages politiques. Je pense notamment à Judith Godrèche, très digne et bouleversante dans son intervention et son appel au cinéma français à lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Sept ans après l’affaire Weinstein et #MeToo, son discours salutaire, est plus qu’une invitation. Celle faite à toute une industrie de ne veiller à ce que certains comportements n’aient plus court sur les plateaux de tournage, quel qu’en soit le genre par ailleurs. Une tâche longue, voire très longue haleine, avec son lot de conservatismes et de résistances voire de déni mais une tâche indispensable, si on veut que le cinéma continue à faire rêver et non plus broyer le destin de certains, en raison de l’impunité de deux, trois. Une prise de parole applaudie, forte et dont on espère qu’elle marquera enfin le début d’une nouvelle ère.
Niveau palmarès, pour finir, si certains films ont su tirer leur épingle du jeu, à l’instar du Théorème de Marguerite (César de la meilleure révélation féminine pour Ella Rumpf) ou encore Chien de la casse (César de la meilleure révélation masculine pour Raphaël Quenard), c’est bien Anatomie d’une chute qui a été le grand gagnant de cette édition 2024 en raflant six prix dont celui du Meilleur film, de la meilleure réalisation ou encore de la meilleure actrice pour l’allemande Sandra Huller. Même si cela reste une relative surprise, cette large victoire confirme le formidable parcours de Justine Tiret, une récompense tout simplement logique et qui est de bonne augure pour les Oscars le mois prochain ! De son côté, Le règne animal part avec cinq récompenses, une très bonne perf pour un film plutôt tourné vers le fantastique. Une situation qui tranche comparé à d’autres films qui sont rentrés pratiquement bredouilles notamment Les Trois Mousquetaires ou encore Jeanne du Barry, le grand perdant de la soirée.
Une édition 2024 assez agréable à regarder donc, et bien plus supportable avec même des blagues et autres punchlines drôles ! On a fait mieux, on ne va se plaindre même si cela ne vaudra sans doute jamais les Oscars ! 😉




