La Couleur Pourpre : femme(s) debout

Le cinéma a l’habitude de revisiter certains de ses propres classiques. C’est déjà le cas avec Disney – même si le but est davantage de faire tourner la planche à… oups ! de nous faire redécouvrir les films de notre enfance – mais c’est aussi le cas avec plusieurs œuvres qui ont marqué le septième art et la nouvelle génération a l’opportunité de connaître à son tour. 

Nous sommes au début du XXème siècle en plein cœur de l’Amérique post-esclavagiste. Celie et Nettie sont deux sœurs que tout unit, notamment la perte de leur mère. Tous les deux vivent en Géorgie aux côtés d’un père tyrannique et particulièrement odieux, forçant notamment Celie à avoir des relations sexuelles. De celles-ci naitront deux enfants, un garçon et une fille qui seront rapidement adoptés. Séparés de sa progéniture, Celie est rapidement mariée à celui qu’on appelle Monsieur, un planteur de coton porté sur la boisson et particulièrement infect. De cette situation particulièrement sombre, une lueur d’espoir apparaît. Nettie, fuyant les assauts de son père, rejoint sa sœur dans sa nouvelle famille. Les retrouvailles sont pourtant de courte durée. Refusant les avances de « Monsieur », Nettie est chassée de la maison et est contrainte de quitter la ville. Séparées, Nettie et Celie tenteront par tous les moyens de prendre des nouvelles l’une de l’autre, tout en tentant de construire malgré la tyrannie des hommes. C’est notamment le cas de Celie qui face au manque de considération de son mari peut, au fil des années, compter sur le soutien et la force de caractère de Sofia mais aussi de Shug Avery. 

La Couleur Pourpre est un monument de la littérature afro-américaine. Publié en 1982, le livre d’Alice Walker fut adapté une première fois au cinéma en 1985 avec notamment Whoppi Goldberg en tête d’affiche. Un long-métrage réalisé par Steven Spielberg qui a eu un grand succès auprès du public et qui devenu une référence par la suite au point qu’une comédie musicale fut produite à Brodway et qui sert de base à la nouvelle version de ce film. 

Autant vous dire que je ne pouvais pas rater ce chef d’œuvre ayant vu le film original il y a très longtemps et curieux de voir le remake. Un long-métrage très vivant, dans l’esprit de la comédie musicale mais qui n’oublie pas de quoi il parle, à savoir l’histoire de Célie, une jeune femme que la vie n’a pas tellement épargné mais qui, au fil du temps et des années, trouve la force nécessaire pour s’affirmer. Pour cela, elle peut s’appuyer sur l’exemple de Sofia ou de Shug, deux femmes à la personnalité bien trempée mais surtout féministes avant l’heure dans le sens où elles sont insoumises. Insoumises aux règles de l’Amérique conservatrice, insoumises aux règles patriarcales, et surtout avides de liberté. Elles le revendiquent, elle le chantent et elles deviennent peu à peu une force d’inspiration pour Celie. Ce sont elles qui font tenir la jeune femme, en l’absence de Nettie, et ce sont elles qui lui font comprendre qu’elle ne peut durablement être dépendante du bon vouloir des hommes, surtout si ces derniers leur manquent de respect. 

Ce qui donne à cette nouvelle adaptation, une coloration bien actuelle à l’heure de #MeToo et autres dénonciations des violences faites aux femmes. En ce sens, cette relecture de la Couleur Pourpre donne une autre dimension à l’œuvre d’Alice Walker, une dimension encore plus pertinente. 

Porté par un casting mené entre autres par Haile Berry, La Couleur Pourpre version 2023 m’a tout simplement séduit. L’occasion sans doute de revoir le film original et vous comprendrez sans doute pourquoi il a eu tant de succès à sa sortie, il y a pratiquement quarante ans. 

La Couleur Pourpre (The Color Purple)

Un film de : Blitz Bazawule

Avec : Fantasia Barrino, Taraji P. Henson, Danielle Brooks, Coleman Domingo, Corey Hawkins, Haile Berry, H.E.R… 

Pays : États-Unis

Genre : Comédie musicale, Drame

Durée : 2h21

Sortie : le 24 janvier

Note : 17/20

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