Les Chambres rouges : la pièce manquante

Les tueurs en série ont toujours fasciné, celles et ceux qui les étudient mais aussi – avouons-le – certains voire certaines d’entre nous. De Landru à Guy Georges en passant par Charles Manson et Émile Louis ou encore Michel Fourniret, des jeunes femmes n’ont pas hésité à faire part de leur admiration, de leur obsession, de leur amour voire de leur attirance sexuelle pour des hommes qui ont pourtant commis les pires atrocités. Ce genre de phénomène qui échappe à toute personne normalement constituée mais qui existe bel et bien.

C’est précisément de cela dont nous allons parler dans l’histoire qui va suivre. Nous sommes à Montréal. Kelly-Anne, une mannequin, suit le procès de Ludovic Chevalier, suspecté d’avoir violé et sauvagement assassiné trois adolescentes. Il s’agit d’une affaire très médiatisée au Canada au point que la jeune femme n’hésite pas à dormir dans la rue, au plus près du tribunal de justice, afin d’être sure d’avoir une place parmi le public. Obsédée par ce tueur qui filme la mise à mort de ses victimes, elle tente par tous les moyens de mettre la main sur une pièce manquante qui pourrait définitivement basculer le procès : la vidéo manquante d’un de ses meurtres. Kelly-Anne va tout faire pour se la procurer, quitte à aller encore et toujours un peu plus loin dans son délire. 

Comme je l’indiquais précédemment, les tueurs en série ont, pour des raisons qui échapperont à bon nombre d’entre vous, toujours suscité attirance et admiration pour certaines femmes. Ludovic Chevalier n’échappe pas à la règle. Son procès est suivi de très près par des femmes qui clament son innocence ou expriment des doutes, à l’instar de Clémentine qui n’a pas hésité à faire le chemin depuis Québec pour le dire haut et fort. 

Kelly-Anne est dans une démarche similaire, du moins à première vue. La jeune femme, plutôt secrète et solitaire – on ne sait pas grand-chose d’elle hormis le fait qu’elle vit dans un appartement plutôt cossu de Montréal et qu’elle est joueuse de poker en ligne – tente par tous les moyens de percer les zones d’ombre qui planent derrière ces crimes atroces. Une véritable et glauque obsession qui paraît malaisante et surtout déplacée par rapport à la douleur vive ressentie par les victimes. 

Cette critique, Kelly-Anne n’en a cure d’autant qu’en réalité, c’est bien plus subtil que cela. Suivre le procès de celui qui est surnommé le « Démon de Rosemont » (un quartier de Montréal), c’est mieux entrer dans sa tête et mieux le confronter. La démarche peut sembler tirée par les cheveux et tout aussi glauque mais c’est probablement le prix à payer pour la jeune femme pour obtenir cette pièce manquante et en finir une bonne fois pour toutes avec la vérité. 

Malgré quelques longueurs – inévitables vue l’atmosphère pas vraiment rigolote du film – Les Chambres rouges maitrisent assez nettement leur sujet en faisant de son personnage principal, une sorte de justicière à sa manière. Une justicière qui déconstruit les mythes subsistant autour d’un tueur en série avec calme, méthode et patience, notamment à l’égard de Clémentine.

Les Chambres rouges 

Un film de : Pascal Plante

Avec : Juliette Gariepy, Laurie Fortin-Babin, Elisabeth Locas, Maxwell McCabe-Lokos, Natalie Tannous, Pierre Chagnon, Guy Thauvette… 

Pays : Canada

Genre : Thriller

Durée : 1h58

Sortie : le 17 janvier

Note : 15/20

Laisser un commentaire