Évoquer la Seconde Guerre mondiale au cinéma n’est pas toujours aisé surtout si vous venez d’Allemagne, pour des raisons assez évidentes. Le sujet est sensible et il faut toujours trouver les mots justes pour parler de cette époque avec réalisme mais aussi sans tabou.
Cette bien triste période est aussi l’occasion de découvrir des histoires singulières. C’est notamment le cas de Stella Goldschlag. Nous sommes en 1940, à Berlin. Stella, une jeune femme de 18 ans de confession juive, est une chanteuse amateur de jazz, elle se produit d’ailleurs avec un groupe d’amis, également juifs. Son rêve ? Émigrer aux Etats-Unis et tout particulièrement Broadway pour vivre de sa passion. La Seconde Guerre mondiale et surtout la persécution du régime nazi sur les Juifs bouleversent ses plans. La situation devenant sérieuse pour elle et ses parents, Stella, enrôlée dans une usine d’armement, rentre dans la clandestinité. Elle fabrique, entre autres, des faux papiers pour les juifs qui voudraient fuir l’Allemagne. En 1943, elle est dénoncée. Capturée et torturée par la Gestapo, elle décide alors de collaborer avec cette dernière, dans l’espoir de protéger ses parents du terrible sort qui les attend.
Stella, une vie allemande est inspirée d’une histoire vraie, celle de Stella Goldschlag, poursuivie après la guerre pour avoir dénoncé de nombreux Allemands de confession juive. Un acte ahurissant et incompréhensible à première vue, surtout pour la communauté juive qui la considère comme une traitre. C’est sans compter, pour autant, sur une certaine complexité du personnage incarné de manière forte par Paula Beer, découverte il y a quelques années dans Frantz de François Ozon où elle partageait l’affiche avec Pierre Niney.
Stella est une jeune, belle, séduisante et qui débordante d’énergie. Sa passion, c’est le jazz mais aussi jouir d’une certaine liberté, ce qui peut paraître fou, voire carrément inconscient quand on sait que le danger guette. C’est ainsi qu’elle profite de son apparence « non-typée » juive pour circuler dans Berlin notamment lorsqu’elle passe à la clandestinité et cache ses parents. En compagnie d’autres juifs, elle n’hésite pas à braver les interdits.
Aussi, lorsqu’elle est dénoncée puis arrêtée par la Gestapo avec ses parents, Stella cherche un moyen pour les protéger mais aussi se protéger, au risque de se compromettre lourdement et de commettre l’impensable. C’est sans doute le prix à payer pour épargner la vie de ses parents mais c’est sans douter qu’elle s’engage dans un engrenage infernal qui ne la laissera pas indemne et dont elle subira les conséquences jusqu’à la fin de sa vie.
Stella Goldschlag n’a pas manqué de faire débat en Allemagne en raison de sa collaboration active avec la Gestapo. Une femme qui illustre assez bien la limite entre le Bien et le Mal nous rappelant que s’il est aisé de porter – à juste titre – un regard sévère sur ses actes, bien malin d’entre nous pourraient dire en toute franchise, ce qu’il aurait fait dans sa situation. Ce qui fait d’elle une victime – celle du régime nazi car juive – mais aussi une coupable, coupable d’avoir vendu son âme au Diable en pensant sauver sa peau.
Stella, une vie allemande (Stella. Ein Leben)
Un film de : Kilian Riedhof
Avec : Paula Beer, Jannis Niewöhner, Katja Riemann, Tobias Moretti, Lukas Miko, Nikola Will…
Pays : Allemagne
Genre : Drame, Guerre
Durée : 2h01
Sortie : le 17 janvier
Note : 16/20




