Priscilla : de l’ombre à la lumière

Il y a environ dix-huit mois, Buz Luhrmann sortait son biopic consacré à ce monstre sacré de la musique que fut Elvis Presley. Un homme talentueux, provocateur et patriote qui avait fait chavirer le cœur d’un nombre incalculable de jeunes filles en fleurs mais qui fut également mal conseillé notamment par son impresario, ce qui conduit celui qu’on appelait le King à un déclin inéluctable. 

En ce début d’année, Sofia Coppola nous parle à son tour d’Elvis. De sa femme, en réalité. Priscilla Beaulieu, celle qui a partagé sa vie durant plusieurs années, la mère de sa fille. Tout commence en 1959 en Allemagne. Priscilla, 14 ans, fait la connaissance d’Elvis. Star mondiale, le chanteur commence à se faire un nom aux Etats-Unis. De passage en Europe, il fait la tournée des bases militaires américaines. Très vite, Elvis, 24 ans, tombe sous le charme de la jeune collégienne, malgré son statut de célibataire et qu’il soit adulé par tant de femmes. De son côté, Priscilla Beaulieu ne reste pas longtemps insensible à ce bel homme et se trouve honorée d’avoir été choisie par lui. Très vite, ils entament une idylle, idylle qui les mènera à un mariage. Si Priscilla vit un conte de fées, la réalité se rappelle progressivement à elle et la poussera à prendre son destin en main. 

Si Elvis se distinguait par son rythme et son côté haut-en-couleurs, Priscilla se veut plus intimiste et « secret ». C’est sans doute cela que Sofia Coppola a recherché dans son film où on suit l’évolution d’une fille de 14 ans, timide et réservée, face à un homme populaire, mondialement connu et qui est convoité par tant de femmes. A ce propos, Priscilla ne comprend pas trop pourquoi le King l’a choisi, elle, la fille de militaire qui vit loin de son Texas natal, dans une base de l’armée américaine. C’est sans doute le destin qui l’a voulu ainsi. Le destin qui a voulu qu’elle devienne la femme d’Elvis, celle qui est censée être au plus proche de lui, ce qui est censée le connaître intimement.

Pour être digne de ce qu’elle considère comme une chance, Priscilla laisse tout passer et n’hésite pas à s’effacer, le plus souvent à son détriment, à en oublier qu’elle devient au fur et à mesure une femme. Si de l’autre côté, Elvis semble mettre Priscilla sur un piédestal, c’est pour mieux mettre une certaine distance en réalité. Sa femme doit faire partie de son existence tout en restant en dehors. Concrètement, elle reste le plus souvent au foyer lorsque ce dernier enchaîne les concerts, elle sert davantage de faire-valoir qu’autre chose.

Une situation qui, si elle pouvait « convenir » à une jeune fille impressionnée par l’aura d’Elvis, finit par trouver ses limites et pointe, au final, un déséquilibre patent. Comme si l’existence de Priscilla devenait un frein, un fardeau pour un homme qui, inconsciemment ou non, ne rechigne pas à entretenir son image de séducteur. Parallèlement, Priscilla encaisse, par amour, mais sait qu’elle doit s’émanciper si elle veut enfin être elle-même. 

Malgré un rythme assez lent, Priscilla se distingue par sa pertinence et nous dépeint le portait d’une jeune fille qui, par la force des choses, a appris de passer de l’ombre à la lumière, au prix de quelques renoncements. 

Priscilla

Un film de : Sofia Coppola 

Avec :  Cailee Spaeny, Jacob Elordi, Dagmara Dominczyk, Deanna Jarvis, Luke Humphrey, Jorja Cadence…

Pays : États-Unis

Genre : Biopic, Drame

Durée : 1h53

Sortie : le 3 janvier

Note : 14/20

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