Le principe du boomerang est que quand on le lance, il revient toujours vers l’expéditeur et gare si on prend l’objet en pleine figure !
C’est pourtant ce qui est sans doute en train d’arriver à la cinquantaine d’artistes qui juste avant Noël avaient cosigné une tribune dans le Figaro pour exprimer leur soutient franc et massif à Gérard Depardieu injustement jeté en pâture selon eux par un certain tribunal médiatique. Selon ces derniers, pour rappel, s’en prendre à celui qui doit être considéré comme le « dernier monstre sacré », c’était tout simplement s’en prendre à l’art, à leur métier et même à la France.
Les réactions ne se sont pas faites attendre, elles ont même été assez brutales. En effet, peu de temps après, une contre-tribune portée, du côté des acteurs et réalisateurs, par Laure Calamy, Louane Emera, Alex Lutz ou encore Corinne Masiero, Alexandra Lamy sans oublier Muriel Robin, avait réuni pas moins de 8 000 personnes (dont une centaine du monde de la culture et des arts) dans laquelle ils dénoncent ce qu’ils considèrent comme des « crachats à la figure des victimes de Depardieu ».
Un chiffre étonnant et surtout éloquent qui en dit long sur le fossé clair et net qui existe au sein du cinéma français en particulier et des arts en général. En effet, le cas Depardieu n’en finit pas de susciter, bien plus qu’un débat, un véritable malaise entre ceux qui considèrent que l’artiste ne doit pas être Sali de la sorte et ceux qui estiment qu’il doit être sanctionné, d’une certaine manière, en raison de ses propos ignobles et particulièrement dégradants.
Il fallait s’y attendre, la tribune de soutien initiée par Carole Bouquet ne pouvait que provoquer que des réactions contrastées, pour ne dire hostiles, surtout quand on connaît la moyenne d’âge de celles et ceux qui ont signé ce papier. Des personnalités qui semblent avoir oublié que #MeToo et autre #BalanceTonPorc sont passés par là et que, on le veuille ou non, ia donne a changé. Bien évidemment, il convient d’insister sur le fait qu’il n’agit aucunement de jeter Depardieu en pâture, ni de faire du tribunal médiatique, un tribunal tout court et encore moins d’effacer un homme qui, de toute façon n’a pas eu besoin de ses nouvelles frasques pour s’effacer tout seul, nous y reviendrons. La présomption d’innocence existe, pour celles et ceux qui en douteraient encore, et elle s’applique sans exclusive à l’acteur dans les affaires où il est mis en cause.
L’existence de la contre-tribune et son succès immédiat n’est que la conséquence d’une point de vue adopté par les partisans de Depardieu qui ont balayé d’un revers de la main les femmes qui déclarent être victimes du comédien ou minimisé les propos particulièrement puants qu’il a prononcé en Corée du nord et pour lesquels, il ne s’est toujours pas excusé depuis, ni même exprimé le moindre regret total comme partiel. Elles soulignent surtout un clash de générations mais aussi de mentalités, un élément qu’on pourrait considérer comme du détail, peut-être, mais qui a fini par exploser à la figure aux cinquante et quelques artistes qui ont apposé leur signature et donc leur soutien à Gégé.
A ce propos, l’effet boomerang n’a pas trainé puisque Pierre Richard ou encore le réalisateur Patrice Leconte ont annoncé se désolidariser de l’initiative de Carole Bouquet, lorsqu’ils ont notamment appris qu’elle avait été proposée par Yannis Ezziadi, comédien mais aussi éditorialiste chez Causeur, un journal proche de la droite réactionnaire voire de l’extrême droite. Toujours est-il que cela ne suffira pas pour redorer le blason bien abîmé d’un homme qui de toute façon n’enchaîne pratiquement aucun succès depuis un temps et qui, par voie de conséquence, s’est effacé tout seul, artistiquement parlant.



