Le lynchage ?

Ce qui convient d’appeler « l’affaire Depardieu » n’en finit pas de faire débat et même nous interroger sur le comportement de l’acteur, qui continue de garder le silence (à quelques exceptions près) depuis le reportage de Complément d’enquête, l’émission de France 2 dans lequel il tient des propos sexistes particulièrement dégradants. Chacun a son opinion sur la question et c’est en toute logique qu’on a ceux qui ne peuvent, en aucun cas, cautionner l’attitude du comédien et ceux qui, au nom de la présomption  d’innocence, rappelle que Depardieu n’est pas n’importe qui et qu’il convient de ne pas le clouer au pilori. 

Nouvelle épisode dans cette « querelle », la publication dans Le Figaro d’un texte de soutien à l’acteur, paru ce mardi. A l’initiative de Carole Bouquet, l’ex-compagne de Depardieu, une cinquantaine d’artistes a publiquement pris la parole pour exprimer leur soutien à celui qu’ils considèrent comme le « dernier monstre du cinéma français », dénonçant au passage un lynchage médiatique insupportable et intolérable, amplifié par les réseaux sociaux. Parmi les signataires, on trouve pêle-mêle, Benoît Poelvoorde, Clémentine Célarié, Pierre Richard, Dominique Besnehard, Emmanuelle Seigner et… Afida Turner, l’ex-star de télé-réalité aussi improbable qu’affligeante (comme quoi on a les soutiens qu’on mérite !) 

Gérard Depardieu et Carole Bouquet, en 2008, à l’avant-première de « 36 quai des Orfèvres » au cinéma Pathé Wepler à Paris

La mobilisation de certains envers Gérard Depardieu n’est, au bout du compte, pas si étonnante en soi, en raison notamment du statut dont jouit encore ce dernier. Pour les partisans de l’acteur, ce dernier c’est l’image de la France, son symbole, quoi qu’il ait fait ou dit au final. C’est d’ailleurs dans cette « logique » qu’Emmanuel Macron, au lendemain de l’adoption par l’Assemblée Nationale, de la très controversée loi relative à l’immigration, s’est exprimé sur le comportement du comédien, avouant au passage son admiration pour Depardieu et écartant tout retrait de la Légion d’Honneur. Des propos plus qu’affligeants estimeront bien des personnes, surtout lorsque le Président de la République avait récemment fait de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, grande cause nationale ! A contrario, le Québec ne s’est pas tellement pris la tête en radiant l’acteur de son Ordre national, sans que cela ait fait le moindre débat d’ailleurs ! 

Il est tout à fait légitime de défendre Depardieu, en rappelant sa contribution au cinéma. Toutefois, cela ne doit pas empêcher de rappeler certains faits mais aussi condamner certains propos ou certaines attitudes qui ne peuvent que ternir son image. A ce titre, les différentes réactions des uns et des autres sont symptomatiques d’un malaise bien palpable et surtout bien réel. Il souligne surtout le fossé qui existe non seulement entre le monde de la culture et le citoyen lambda mais également au sein même du monde de la culture, tout particulièrement entre la génération de Carole Bouquet et les autres. 

En effet, vous pourrez toujours chercher des noms d’artistes de moins de 35 ans, parmi les signataires, c’est pas compliqué, vous n’en trouverez aucun. Autrement dit, pas d’Anaïs Demoustier, de François Civil, ou encore de Lyna Khoudri qui, même s’ils ne sont pas officiellement exprimés sur le fond de l’affaire, n’ont pour pas affiché de soutien quelconque à l’acteur. Ce qui en dit long sur la façon de voir les choses, surtout depuis que #MeToo est passé par là !

Gérard Depardieu recevant la Légion d’honneur des mains du président de la République de l’époque, Jacques Chirac

Toujours est-il que cette tribune demeure, en ce qui me concerne problématique. Si, pour rappel, la présomption d’innocence est applicable et doit être appliquée dans les affaires où Depardieu est mis en cause, l’initiative de Carole Bouquet ressemble davantage à une opération de communication destinée à sauvegarder la réputation d’un homme qui qu’il arrive, sera durablement ternie. Aussi, parler de lynchage est tout simplement excessif dans la mesure où l’émission Complément d’enquête n’a fait que son travail et que les gens s’interrogent légitimement sur des propos qui, non seulement n’ont pas inventés ou sortis de leur contexte, mais ont été bel et bien prononcés par l’intéressé. 

Des propos pour lesquels, une certaine forme de tolérance n’est plus de mise. Le jeune papa que je suis, aussi reconnaissant envers le jeu d’acteur de Depardieu et qui continuera à voir tous ses films, ne peut cautionner qu’on sexualise une gamine de dix ans, en train de faire du cheval, c’est une question de logique ! 

[BONUS] Puisque je vous parlais d’Afida Turner, autant que je vous montre une de ses « prestations ». Comme quoi, on a les soutiens qu’on mérite !

Et en plus, elle massacre la chanson culte de Guesh Patti. Misère !

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