L’Abbé Pierre, une vie de combats : porte-parole

Il est rare, du moins pas fréquent, d’une femme ou un homme fasse la quasi-unanimité dans notre pays. Souvent, telle ou telle personnalité a ses partisans mais aussi ses détracteurs, ce qui donne lieu à des débats souvent animés. 

On ne peut pas en dire autant pour l’Abbé Pierre, un homme qu’on connaît sans véritablement connaître en réalité et c’est tout l’objet du film qui revient sur les grandes étapes de celui qui s’appelle Henri Grouès à l’État Civil. Né à Lyon dans une famille aisée, Henri Grouès a rejoint les ordres assez tôt. A la suite résistant durant la Seconde Guerre mondiale, député à l’Assemblée nationale, puis défenseur des sans-abris, c’est l’homme du fameux appel de l’Hiver 1954 puis le fondateur des communautés Emmaüs. Une vie jalonnée de combats, d’initiatives mais aussi d’interrogations et de remises en question, faisant de lui un personnage hors du commun. 

Comme je l’écrivais un peu plus tôt, on connaît l’Abbé Pierre sans véritablement le connaître. Pour beaucoup d’entre nous, c’est l’homme qui un soir d’hiver 1954 avait, sur les ondes de Radio Luxembourg, appelé à la solidarité des Français après qu’une femme ait été retrouvée morte de froid en pleine rue. Pour d’autres, c’est le fort en gueule, celui qui se fiche des conventions, du moment que l’on se bouge pour un combat qui est celui de toute une vie, le mal-logement.

Un homme toutefois complexe, ce qui le rend plus humain et que Benjamin Lavernhe a réussi à incarner à la perfection, avec à la clé une ressemblance assez frappante notamment à la fin de la vie de l’Abbé. Si ce dernier reste fidèle à sa foi et ses principes, il n’est pas à une contradiction près. Lui, qui par exemple, prône une certaine sobriété dans sa façon de parler, de se comporter même de vivre (lui qui n’hésitera pas à vivre tel un anonyme dans une cité HLM à Charenton-le-Pont, près de Paris, ou à dormir du côté des sans-papiers de l’église Saint-Bernard, toujours à Paris, en guise de soutien en 1996) est une véritable rock-star. Un homme capable de rassembler, soulever les foules pour sa cause, comme s’il était une incarnation du Messie, incarnation qu’on retrouve sur l’affiche officielle du film. 

Malgré cela (ou grâce à cela c’est selon), l’Abbé Pierre tiendra à maintenir une boussole dans sa vie. Parmi elle, Lucie Goutaz, secrétaire particulière de l’Abbé, fondatrice également d’Emmaüs et qui deviendra son amie proche. Ce genre de personnes qui permettra à celui qui deviendra, à plusieurs reprises, la personnalité préférée des Français, de rester lucide. 

Avec 2h18 au compteur, L’Abbé Pierre une vie de combats nous permet de mieux cerner un homme résolument en colère mais dont la colère fut saine, même si du chemin reste à parcourir notamment quand on voit les conditions du mal-logement qui ne cessent de se dégrader dans notre pays. 

L’Abbé Pierre, une vie de combats 

Un film de : Frédéric Tellier

Avec :  Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz, Chloé Stefani, Xavier Mathieu, Malik Amraoui… 

Pays : France

Genre : Biopic, Drame

Durée : 2h18

Sortie : 8 novembre

Note : 16/20

Laisser un commentaire