Une année difficile : fin du monde contre fin du mois ?

Eric Toledano et Olivier Nakache ont un atout, voire un talent. Celui de raconter, sous le prisme de la légèreté, des histoires plutôt sérieuses et mélancoliques. Ces fameuses « comédies sociales » qui vous donnent un autre regard sur la société et le monde qui nous entournent, vous faisant réfléchir par la même occasion. 

Après l’immense succès d’Intouchables (sorti – déjà ! – en 2011) et celui, un peu plus modeste, de Samba, en 2014, Une année difficile s’inscrit pleinement dans cette catégorie. Tout commence avec Albert. Il est bagagiste à Roissy mais est criblé de dettes au point de ne plus s’en sortir. Un jour, il fait la rencontre de Bruno, également surendetté au point de perdre sa maison et de vouloir mettre fin à ses jours. Tous deux finissent, vaille que vaille et par la force des choses, à remonter la pente. Leur salut passe par une association écologiste qui mène des actions coup de poing pour alerter les gens sur le réchauffement climatique et ses conséquences pour notre planète. Si au départ, Albert et Bruno viennent plus profiter de la bière et des chips gratuits, ils s’investissent de plus en plus dans le mouvement. D’autant qu’Albert a bien vite remarqué la leader du groupe, une dénommée « Cactus » et qui est loin d’être indifférente pour lui. 

Fin du monde contre fin du mois. Ce sont deux « réalités » qu’on oppose assez souvent pour expliquer les difficultés de certaines personnes face au dérèglement climatique mais aussi critiquer les actions souvent musclées de militants du climat qui peinent à sortir de leur bulle. A première vue, on pourrait se dire que la remarque est plus que pertinente. En effet, Albert et Bruno sont loin d’être des gens concernés par l’avenir de la planète ou de notre écosystème. Non pas qu’ils s’en fichent mais ils ont une autre réalité, bien plus fracassante celle-ci. Le surendettement, les huissiers qui vous harcèlent, les proches qui insistent pour que vous leur remboursiez ce que vous avez emprunté… Albert et Bruno sont tout simplement au bord du gouffre (si ce n’est qu’ils n’y sont pas déjà). Ils galèrent, sont littéralement en mode survie et c’est en toute logique que le futur de l’humanité passe au second plan, comme l’indique d’ailleurs la scène d’ouverture.

C’est également en toute logique que leur arrivée dans l’association écologiste se fait de manière totalement opportuniste. Albert et Bruno ont vu de la lumière et ils s’installent pour écouter des discours sur la décroissance ou la surconsommation. Cependant, et sans le savoir, cette activité militante est leur bouée de sauvetage, celle qui fera qu’ils se donneront un nouvel objectif. Les deux protagonistes se retrouvent dans ce mouvement et renouent avec une solidarité, un esprit de famille, dont ils n’avaient plus l’habitude. 

Caricature des mouvements radicaux type Extinction Rébellion pour certains, description juste et optimiste pour d’autres, Une année difficile met habilement en lumière ces deux inquiétudes que sont la « fin du monde » et la « fin du mois », comme pour nous rappeler qu’elles sont loin d’être opposées, bien au contraire. Un film bien porté par Pio Marmaï, Jonathan Cohen, Noémie Merlant mais également Luàna Bajrami et Mathieu Amalric. 

Une année difficile

Un film de : Éric Toledano et Olivier Nakache

Avec :  Pio Marmaï, Jonathan Cohen, Noémie Merlant, Mathieu Amalric, Grégoire Leprince-Ringuet, Luàna Bajrami, Margot Bancilhon, Aïssatou Diallo Sagna…

Pays : France

Genre : Comédie

Durée : 2h00

Sortie : 18 octobre

Note : 14/20

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