Si vous avez suivi la page Facebook de mon blog, vous devez savoir que je suis parti, l’été dernier, avec ma petite famille en Espagne, plus précisément à Barcelone. Un prétexte pour vous parler du cinéma espagnol, un cinéma que j’apprécie beaucoup pour la qualité de ses récits et une certaine façon d’aborder les sujets de société.
Nous sommes en 1977 au Pays Basque. Beatriz dite Bea a 16 ans. Dans une société espagnole qui apprivoise l’après-Franco, elle s’engage dans le mouvement féministe et rejoint la lutte en faveur de l’avortement. En effet, cette pratique, si elle vient d’être légalisée dans certains pays d’Europe – notamment la France – est toujours interdite sous peine de prison. C’est dans ce contexte que Bea fait la rencontre de Mira, une fille de bonne famille. Une rencontre décisive pour Bea et qui fera que cet été constituera un avant et un après.
Après quarante années marquées par le franquisme, l’Espagne connaît une période de transition mais aussi d’ébullition, une sorte d’entre deux où tout semble possible. C’est dans ce contexte que les mouvements féministes, à l’instar de leurs homologues européens, prennent de l’ampleur dans toute l’Espagne, avec pour principal mot d’ordre, le droit à l’avortement. Bea, du haut de ses seize ans, observe ce changement en cours. Issu d’une famille d’activistes – sa mère aide des jeunes femmes qui souhaitent interrompre leur grossesse et son père est un militant basque en prison –, c’est tout naturellement qu’elle rejoint les « femmes de Basauri ». Quotidiennement, elles se battent pour faire respecter leur dignité mais aussi dénoncer un pouvoir patricial sans partage. C’est aussi une façon pour la jeune adolescente de s’engager mais aussi de se rebeller.
Sa rencontre avec Mira marque un tournant qui la confronte à une réalité : celle d’une société espagnole encore marquée par le conservatisme et l’esprit du franquisme malgré le décès de ce dernier. Ce conservatisme qui fait qu’il est pratiquement impossible d’avorter en Espagne sans prendre de risques. Un conservatisme qui étouffe également les jeunes femmes notamment au cœur des villages. Madrid ou Barcelone sont le plus souvent vues comme un échappatoire dans une société où il est difficile de s’exprimer comme on est. Un sentiment qui est fortement présent chez Bea mais qui l’aidera à passer à une étape cruciale de sa vie et prendre ainsi son envol.
Inspiré de faits réels, En bonne compagnie, en dépit d’une certaine longueur, ne manque pas de pertinence. Il nous rappelle également que le combat féministe reste actuel en particulier sur la question de l’avortement. Pour info, c’est en 1985 que ce droit fut enfin accordé en Espagne par le gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez.
En bonne compagnie (Las buenas compañías)
Un film de : Silvia Munt
Avec : Alícia Falcó, Elena Tarrats, Itziar Ituño, Ainhoa Santamaria, Nagore Cenizo Arroyo, Maria Cerezuela…
Pays : Espagne
Genre : Drame
Durée : 1h35
Sortie : 18 octobre
Note : 13/20



