Bernadette : la revanche d’une Première Dame

Bernadette Chirac. Une femme connue pour être la première de Jacques, une femme austère, assez froide, peu agréable. Du moins en apparence. 

C’est en cas l’image que nombre d’entre nous, moi le premier, avons eu durant un certain moment de celle qui a partagé durant de nombreuses années la vie de l’ancien chef de l’État et qui a été de tous les combats, en toute circonstance. Une première dame qui décide néanmoins de s’émanciper progressivement de son mari de président, ce qui donne un biopic pour le moins détonnant. 

Nous sommes en 1995. Jacques Chirac vient d’être élu président de la République. Après deux cinglants échecs, et de multiples trahisons, il savoure enfin son heure. A ses côtés, Bernadette, sa femme qui a toujours soutenu les ambitions politiques de son mari, de Matignon à la Mairie de Paris en passant par la création du Rassemblement Pour la République (RPR). C’est en toute logique qu’elle attend une certaine reconnaissance de son époux. Toutefois, jugée trop ringarde et dépassée, elle est rapidement mise sur la touche, notamment par sa fille cadette Claude qui conseille son père sur sa communication et son image. Bien décidée de ne plus subir davantage, Bernadette, tout en demeurant loyale, décide de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique de premier ordre, au risque de briser les codes. 

Comme je l’écrivais précédemment, on a souvent une image de Bernadette Chirac comme une femme de l’ombre, assez pète-sec, voire cassante avec autrui. Une femme plus ou moins désagréable, selon certains, contrastant avec le caractère sympathique de Jacques. Une image que Bernadette s’emploie minutieusement et méthodiquement à casser en se présentant comme une femme à la mode, un comble pour quelqu’un qui a reçu une éducation catholique et très conservatrice. 

Cette métamorphose ne doit rien au hasard. En effet, c’est un événement-clé dans la vie du couple Chirac qui fera qu’un vent de révolte soufflera au sein de l’Élysée. Une révolte de velours mais diablement efficace dans laquelle Bernadette n’hésite plus à prendre de gants, pour dire ce qu’elle pense (en toute subtilité) sous l’œil parfois effaré de Claude. Une façon pour elle de changer les règles et d’instaurer un rapport de forces différent avec Jacques. Non, Bernadette ne sera pas Danièle Mitterrand ou Anémone Giscard d’Estaing, elle ne se contentera pas de sourire et de ne piper mot. 

Toutefois, pas besoin de ruer dans les brancards, Bernadette se montre bien plus maligne. La scène médiatique sera sa meilleure aillée pour opérer sa transformation. Peu à peu, Bernadette devient aussi un animal politique. Animal qui s’émancipe pour devenir à son tour, un Chirac… tout en demeurant loyal. 

Drôle et caustique, Bernadette – qui demeure une fiction bien qu’inspiré de faits réels – réalise le tour de force de nous présenter une Bernadette Chodron de Courcel épouse Chirac finalement rock’n’roll bien aidée par l’interprétation plus que convaincante de Catherine Deneuve ! 

Bernadette 

Un film de : Léa Domenach

Avec :  Catherine Deneuve, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz, Sara Giraudeau, Laurent Stocker, François Vincentelli, Lionel Abelanski, Maud Wyler, Artus… 

Pays : France

Genre : Comédie

Durée : 1h34

Sortie : 4 octobre

Note : 15/20

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