Anatomie d’une chute : Autopsie(s)

Justine Triet est une réalisatrice dont j’ai eu l’occasion de découvrir pour la première fois avec Victoria dans lequel elle dirigeait Virginie Efira et Vincent Lacoste. Par la suite, je l’avais retrouvé dans Sybil qui lequel apparaissait une nouvelle fois Virginie Efira mais aussi Adèle Exarchopoulos ainsi que le regretté Gaspard Ulliel sans oublier l’actrice allemande Sandra Huller, dans le rôle d’une cinéaste au bord de la crise de nerfs. 

La crise de nerfs, il en est de nouveau question dans le nouveau projet de Justine Triet, du moins, ce sont ceux du spectateur qui sont habillement et insidieusement mis à contribution. Nous sommes sur les hauteurs de Grenoble. Sandra et Samuel vivent dans un chalet, assez reculé de tout avec Daniel, leur fils de 11 ans qui est malvoyant. Sandra est romancière et reçoit une étudiante pour un entretien dans le cadre de son mémoire. Peu de temps après, Samuel est retrouvé inanimé, au pied de leur maison, victime d’une chute qui lui aura été fatale. Rapidement une enquête préliminaire pour mort suspecte est ouverte. Les premiers éléments se tournent vers Sandra. Malgré les doutes et les différentes dépositions de son fils, elle est inculpée et mise sur le banc des accusés. Un an après, s’ouvre son procès. Suicide ou homicide ? La justice devra trancher tout en disséquant la vie du couple, en présence de Daniel, venu assister au procès. 

Justine Triet avait fait beaucoup parler d’elle lorsqu’elle a obtenu la récompense suprême du Festival de Cannes, non pas pour son film en lui-même mais en raison de sa prise de position remarquée en pleine mobilisation contre la réforme des retraites menée par le gouvernement d’Elisabeth Borne. Une prise de position qui avait consterné la Macronie mais aussi tout celles et ceux qui estimaient (et estiment encore) qu’un artiste ne devait pas avoir droit de cité, surtout s’il bénéficie des aides de l’État pour réaliser son film. 

Cette polémique ridicule et stérile a été un argument supplémentaire pour qu’un soir de mai, je me déplace au MK2 Bibliothèque (13ème arrondissement de Paris) et assister à une avant-première exceptionnelle, découvrant ainsi cette fameuse Palme d’Or. Malgré quelques lenteurs, on est rapidement plongé dans une atmosphère assez étrange dans laquelle une question se pose, question qui fait office de fil rouge. Sandra est-elle coupable ou non ? A-t-elle quelque chose à se reprocher dans la mort de son mari ? 

Une question simple à première vue mais qui s’avère bien plus complexe à mesure qu’on avance dans le film. Tout au long des 2 heures 31, on fait connaissance avec une femme aux multiples facettes : droite, mais aussi instable, absente tout en ne se laissant pas faire… on serait tenté de se ranger à ses côtés et se dire qu’elle est une victime mais Justine Triet prend soin de ne pas tomber dans ce piège grossier, la meilleure illustration possible étant sans aucun doute le procès aux Assises et cette passe d’armes avec l’Avocat général particulièrement coriace et qui cherche à démontrer la culpabilité de Sandra. 

Face à cela, la justice n’a pas d’autres moyens que d’autopsier la vie du couple mais également de la prévenue à travers des enregistrements audios et autant d’éléments devant permettre de démêler le vrai du faux mais aussi sortir d’une certaine nébuleuse. Résultat, un certain suspens et des interrogations qui demeurent dans lequel, le témoignage et surtout l’attitude de certains protagonistes seront déterminants.

C’est donc une Palme d’Or convaincante et un fim percutant pour son réalisme qui a réalisé un excellent démarrage, plaçant Justine Triet dans une autre catégorie, n’en déplaise aux esprits chagrins ! 😉 

Anatomie d’une chute

Un film de : Justine Triet

Avec :  Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner, Antoine Reinartz, Samuel Theis, Jehnny Beth… 

Pays : France

Genre : Judiciaire, Thriller, Drame, Policier

Durée : 2h31

Sortie : 23 août 

Note : 15/20

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